Une scène rare s’est déroulée dans la capitale tchadienne, le samedi 28 juin 2025. Une vingtaine de femmes ont manifesté en sous-vêtements devant le siège du parti d’opposition Les Transformateurs. En pleurs ou agenouillées, elles ont réclamé la libération de leur leader, Succès Masra, détenu depuis la mi-mai. Cette manifestation silencieuse mais marquante a été rapidement dispersée sans affrontement.
Ce type de mobilisation féminine, bien que choquant pour certains, s’inscrit dans une tradition de protestation présente dans plusieurs régions du sud tchadien, notamment non-musulmanes. Ces actions sont souvent utilisées comme dernier recours pour exprimer un profond désespoir face à des injustices perçues.
Arrêté le 16 mai, Succès Masra fait face à des accusations graves : incitation à la haine, constitution de bandes armées, complicité d’assassinat et profanation de sépultures. Il est soupçonné d’avoir un lien avec les violences meurtrières survenues le 14 mai à Mandakao, qui ont fait 42 morts, en majorité des femmes et des enfants. Masra rejette fermement ces accusations, que ses avocats qualifient de non fondées et politiquement motivées.
Depuis quatre jours, l’opposant a entamé une grève de la faim, refusant nourriture, eau et médicaments. Son état de santé se détériore rapidement, selon les membres de son parti, qui tiennent les autorités pour responsables de toute issue tragique.
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Originaire du sud chrétien et membre de l’ethnie Ngambaye, Masra incarne pour beaucoup le symbole d’une région longtemps marginalisée par un pouvoir central dominé par des élites nordistes, majoritairement musulmanes. Sa détention ravive les clivages régionaux, ethniques et religieux, menaçant de fragiliser davantage un pays encore marqué par une transition politique délicate.
Source : Africa Radio
Maïmouna Nadia Djibo (Stagiaire)/ MoussoNews