Zeyna Nignan : Une gardienne silencieuse de plantes à l’Université Ouaga 1

Depuis plus d’un mois, les fleurs de la salle PSUT de l’Université Ouaga 1 respirent la fraîcheur grâce aux soins attentifs de Nignan Zeyna. Mère de 2 enfants et ayant arrêtée en classe de CM2, Zeyna n’a pas laissé son parcours scolaire interrompu freiner sa volonté de se battre dignement pour sa vie et celle de sa famille.

Tuyau en main, pagne bien noué, bébé au dos et regard concentré, Zeyna veille chaque matin sur les plantes de la salle PSUT de l’université Ouaga 1 comme sur des enfants.

Depuis plus d’un mois, elle insuffle vie et fraîcheur à ces fleurs qui bordent les allées du bâtiment. « Comme il n’y a pas de marché, c’est pourquoi je fais ça », dit-elle simplement, sans se plaindre.

Zeyna a quitté les bancs en classe de CM2. Aujourd’hui mère de 2 enfants, elle partage son temps entre son travail d’arrosage et une activité de manucure, pédicure et tatouage. « La dernière fois même, je suis venue la trouver en train de faire les ongles d’un des vigiles », explique sa sœur Raynatou Nignan, étudiante en Licence 3 d’Anglais à la même université.

Zeyna Nignan : Une gardienne silencieuse de plantes à l’Université Ouaga 1 2 — **Raynatou Nignan, étudiante en Licence 3 d’anglais à la même université****, la sœur de Zeyna.**

Raynatou se souvient encore du jour où elle a découvert par hasard que sa grande sœur travaillait là. « Je ne savais même pas qu’elle était ici. On ne vit plus dans la même cour depuis son mariage. C’est un jour, pendant que je révisais, que je l’ai vue arroser les plantes. J’étais vraiment surprise », a-t-elle témoigné.

Zeyna Nignan : Une gardienne silencieuse de plantes à l’Université Ouaga 1 3 — ***Zeynab cultive aussi lorsqu’il y’a des coupures d’eau.***

Chaque jour, de 7h à 16h, Zeyna veille sur les plantes. Son salaire ? 30 000 FCFA par mois. Modeste, mais suffisant pour faire vivre son foyer et garder espoir.

Même quand les conditions se corsent, elle ne se laisse pas abattre. « Souvent, l’eau ne coule pas bien. Je suis obligée de déposer le tuyau au sol pour que ça prenne le temps de couler. Mais même sans eau, je trouve toujours quelque chose à faire : je désherbe, je ramasse les feuilles mortes, je nettoie », raconte-t-elle, un sourire accroché au visage.