La chanteuse gospel camerounaise de 23 ans, Indira Baboké a soutenu sa thèse de doctorat en médecine à l’Université de Yaoundé I, le lundi 16 juin 2025. Mais au lieu de célébrer uniquement l’aboutissement d’un parcours académique, la soutenance a suscité une vive polémique, mêlant politique, protocole et soupçons d’influence.
À la Faculté de Médecine et des Sciences Biomédicales (FMSB) de Yaoundé I, Indira Baboké Tamboulo Eden, fille du directeur adjoint du Cabinet civil de la présidence camerounaise, a soutenu une thèse sur les malformations vasculaires cérébrales. L’événement, pourtant académique, a cependant pris une tournure médiatique.

La cérémonie, diffusée en direct sur la télévision Dash TV, a attiré l’attention du grand public. Mais ce qui a davantage frappé les esprits, c’est le parterre d’invités prestigieux venus assister à la soutenance. Outre les enseignants et membres du jury, on pouvait reconnaître des figures publiques telles que Samuel Eto’o, le chanteur KS Bloom, Tam Sir et aussi des membres du gouvernement camerounais.
Une mention qui dérange
Mais la polémique ne s’est pas arrêtée à la dimension protocolaire. La mention attribuée à la doctorante “mention spéciale” a suscité de nombreuses interrogations.
Dans le système universitaire camerounais, seules trois mentions sont reconnues : honorable, très honorable et très honorable avec félicitations du jury. L’introduction d’une nouvelle dénomination, non conforme, a immédiatement alimenté les soupçons de traitement de faveur.
Des voix critiques se sont élevées sur les réseaux sociaux.
Le journaliste camerounais, Boris Bertolt s’indigne: ‘Nous on savait qu’au cours d’une thèse de doctorat il y a trois mentions au monde reconnues : Honorable, très honorable et très honorable avec félicitations du jury. « Mention spéciale » de Indira Baboke là c’est encore quoi ? Des bandits comme ça! », a-t-il posté sur Facebook.
Jean-Claude Mbede Lastardedieu défend l’impact de l’exemple d’Indira sur la jeunesse féminine : « Au moins elle peut attirer les filles à l’école. Les autres, c’est le njambo, le njansang et les partouzes. Entre plusieurs maux… le moindre mal. »
À l’opposé, d’autres, comme le journaliste Parfait Siki, appellent à la retenue et à la bienveillance : « Se rendent-ils compte de ce qu’ils font à cette jeune fille, qui mérite d’avoir une formation académique normale comme les jeunes de son âge ? »
Le mérite éclipsé ?
Malgré la qualité scientifique de la thèse, l’image d soutenance surmédiatisée, aux allures de cérémonie d’État, a détourné l’attention du contenu académique pour la recentrer sur les jeux d’influence, le protocole et les privilèges présumés.
Diane SAWADOGO/ MoussoNews