« Allant vert »- « A l’envers » : quand Souleymane Ladji Koné se fait défenseur de l’environnement

La danse possède certainement la capacité de transmettre des messages plus que les autres formes d’art. Comparée au langage, elle a des possibilités d’expression illimitées. C’est la conviction du chorégraphe burkinabé Souleymane Ladji Koné. Il l’a réaffirmé ce 24 janvier 2023 à la 11 e édition du FIDO. C’était dans sa représentation dénommée « allant-vert » :  Allant vers quelque chose avec le vert de la couleur verte, un jeu de mots et jeu de dimension en même temps pour l’artiste qui, dans une quête de sens estime que l’on peut puiser dans un sens pour aller vers un autre sens ou bien faire l’inverse « A l’envers ».

« Allant vert »- « A l’envers » : quand Souleymane Ladji Koné se fait défenseur de l’environnement 2

Dans son œuvre intitulée « allantvert » « A l’envers », Souleymane Ladji Koné interpelle son public à puiser dans le passé, les attitudes qui autrefois permettaient d’avancer dans la vie pour changer ses défis environnementaux présents afin de pouvoir aller vers quelque chose. Quitter dans un sens en allant vers un autre sens ou repartir vers un sens pour réinventer dans un autre sens. Ces messages complexes comme dans un tableau, exposent le corps, les mouvements, un langage différent des autres langues parlées dans le monde aujourd’hui visant à laisser aux spectateurs la latitude de décoder à leurs façons. « Nous avons suivi ici une ligne sur l’environnement, notre relation avec la nature, notre spontanéité avec la nature, nos problématiques d’autodestruction et tout ce qu’on vit aujourd’hui : c’est de l’œuvre contemporaine. On parle de ce qui préoccupe aujourd’hui nos sociétés » explique Souleymane Ladji Koné le chorégraphe.

C’est une expérience qui a commencé par un laboratoire en collaboration avec trois artistes associés dont une architecte Soly Volná, un auteur-comédien Christoph Rath et un chorégraphe. La préparation a pris environ deux semaines de résidences. C’est la première étape d’une longue période de création. Elle a permis à Souleymane Ladji Koné de présenter un bout de  « allant vert » « à l’envers » à ce festival.

En effet, « allant vert » « à l’envers » se veut être un spectacle qui, à l’image de Thomas Sankara et de Yacouba Sawadogo ‘’Prix Nobel alternatif’’ inspire plus d’uns à cette quête constante de quelque chose d’autre. Le chorégraphe et ses danseurs ont mis en scène des personnages qu’ils ont qualifiés de « dieux » pour faire ressortir le côté fiction de la pièce dont le milliardaire Elon Musk, la militante écologiste suédoise Greta Thunberg et Wangari Muta surnommée ‘’la femme qui plantait des arbres’’.

La raison de cette mise en scène des divinités fictives est simple. Ladji Koné d’explique qu’ils,  « ont créé des dieux, parce que dans cette pièce nous sommes dans une science-fiction à travers de simples personnages tels que : Greta , Wangari, des activistes,  des femmes hyper- déterminées.  Il y a aussi Elon musk qui a des rêves de fou et qui n’est pas en cohésion forcément avec l’environnement mais en même temps qui essaye d’apporter des réponses aux problèmes de l’environnement. Il y a plein d’autres caractères que nous avons représenté et nous les avons appelés des dieux… comme Art Melody incarné en caractère de dieu … »

« Allant » « vert » est donc une pièce chorégraphique qui interpelle sur un retour vers des pratiques anciennes mais dont l’usage pourrait servir à nouveau dans notre contexte environnemental actuel. Il s’agit de marier musique et danse dans une recherche tendant vers ce que l’artiste a appelé «a work in progress».

Cette chorégraphie a pour bande sonore une musique de Ridina Ahmedová tchèquo-soudanaise compositrice de Jazz. La danse n’était pas aussi explicite que le langage ordinaire mais elle possédait un vocabulaire d’une richesse illimitée capable d’exprimer les nuances émotionnelles pour lesquelles il n’y a aucun mot dans aucune des 6900 langues parlées aujourd’hui.

Elle transmettait en effet, des sensations, des relations complexes ou des situations dramatiques en raccourci. Même si la brièveté, la vitesse et la légèreté étaient au rendez-vous dans ce spectacle, il a reçu les ovations bien nourries du public. Il a permis à l’un des ses artistes de visualiser autrement sa profession de rappeur-paysan. « Ce spectacle, c’était une occasion pour moi de tester autre chose et de m’essayer dans un autre horizon. J’avoue que c’était intense le temps de préparation. Ladji est très rigoureux mais j’adore travailler avec des personnes qui recherchent l’excellence. J’ai incarné le personnage, la divinité de Yacouba Sawadogo qui a arrêté le désert. Il fallait trouver une histoire cohérente à raconter avec la danse, la musique, etc… et j’espère que je vais faire du théâtre en plus de chanter. Je suis paysan en plus d’être rappeur et comme la pièce a été construite dans l’optique de passer un message fort sur l’action de l’homme envers la nature, j’ai pris beaucoup plaisir à y jouer.  Nous voulons être aussi dans l’action pour inciter les jeunes à adopter des comportements responsables », a reconnu Konkobo Mamadou Armel alias Art Mélodie dans le rôle du dieu Yacouba Sawadogo ou l’homme qui arrêta le désert.

Halia R. ZOURE

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