Bobo-Dioulasso : le chitoumou, un plat désormais classé dans les habitudes alimentaires

Aux mois de juin, juillet et août, nombreuses sont ces femmes à Bobo-Dioulasso qui laissent leurs activités habituelles pour se consacrer à la commercialisation des chenilles de karité, communément appelées “chitoumou”. Cette denrée qui est particulièrement prisée des Bobolais constitue aujourd’hui une source de revenus importante pour des femmes. À travers cette activité, certaines arrivent à s’occuper d’elles-mêmes et à participer aux petites dépenses de leurs familles. Rencontre avec Assétou Diabaté, une vendeuse.

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Le “chitoumou” est la larve des papillons à corps allongé, formé d’anneaux et généralement velu, qui se développe en saison pluvieuse. Ces insectes se développent particulièrement dans les régions du grand Ouest notamment, les Hauts-Bassins, les Cascades, le Sud-Ouest et la Boucle du Mouhoun. À Bobo-Dioulasso, le chitoumou est progressivement entré dans le quotidien alimentaire des populations. On en consomme avec pratiquement tous les repas, que ce soit du tô, du pain, du riz ou du haricot.

Assétou Diabaté était vendeuse de beignets. Mais depuis quelques mois, elle s’est temporairement reconvertie dans la commercialisation des chenilles. « Actuellement à Bobo-Dioulasso, ce qui marche bien, c’est la vente de chenilles. Le commerce de beignets est fatiguant. Avec la cherté de l’huile on s’en sortait à peine. Avec un budget de 50 000 FCFA je me suis lancé dans le domaine des chenilles depuis trois mois maintenant », dit-elle.

Une activité rentable

A l’entendre la commercialisation des chenilles est très rentable. « Il y a deux types de chenilles que je vends. Je donne les fraîches à 1500 F la boîte de tomate. Les secs elles, ont les vends à 2000 FCFA. Si le marché est bon, par jour je peux rentrer avec 5000 ou 6000 F CFA comme intérêt », confie-t-elle. En effet, par boîte, la vendeuse avoue pouvoir faire un bénéfice variable entre 400 et 500 FCFA. Elle prend sa marchandise avec des femmes grossistes qui font le déplacement jusqu’aux champs, dans les campagnes. Assétou Diabaté ne regrette pas d’avoir abandonné la vente des beignets. « Avec ce commerce, je souffre moins et je gagne plus d’argent. J’arrive à prendre soin de moi-même. Je m’occupe des besoins de mes enfants et je participe aux dépenses de la famille », indique la commerçante.

Les difficultés

La vente des chenilles est certes rentable mais Mme Diabaté précise qu’il y a de nombreuses difficultés. À ses débuts, elle dit avoir fait des pertes par manque d’expérience. « Tout le problème c’est la conservation en cas de mévente. Je n’avais pas compris le mécanisme et j’ai perdu un jour, près de 15 boîtes. Les chenilles dégageaient une odeur étrange. J’ai essayé de cuisiner à la maison mais ça ne passait pas. J’étais obligé de tout jeter », raconte-t-elle. En plus de la conservation, Assétou soulève l’épineuse question de la rareté de la marchandise. En effet, avec l’insécurité, plusieurs localités productrices de chenilles sont inaccessibles. De ce fait, le stock s’épuise rapidement. Conséquence, le prix augmente.

Des clients fidèles

La boîte de chenilles qui était à 1000 ou 1200 FCFA est aujourd’hui à 1500 FCFA. Mais qu’à cela ne tienne, les habitués de ce plat ne peuvent pas s’en passer. Mamadou Traoré est l’un d’entre eux. Il est venu chercher trois boîtes de chenilles pour la consommation de sa famille au dîner. « Quand la période des chenilles arrive, j’en mange presque chaque jour. J’aime énormément ce repas. Il paraît aussi qu’il contient beaucoup de vitamines et lutte contre certaines maladies », souligne M. Traoré. Pour lui, ce met est à valoriser d’autant plus qu’il fait rouler l’économie et participer à l’amélioration de la santé des populations.

SLS/ Mousso News Bobo-Dioulasso

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