Bobo-Dioulasso : Quand les difficultés universitaires font naître un talent d’entrepreneure

Certaines étudiantes de la ville de Bobo-Dioulasso ont décidé de se lancer dans le monde entreprenariat pour faire face aux difficultés du campus. C’est l’exemple de Bintou Lengani, une jeune étudiante, qui est aujourd’hui une grande productrice de pagnes Kôkô dunda. Rencontre avec une icône de persévérance.

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« Avec mes ventes, j’arrive à payer mon loyer, à me soigner et à subvenir à mes petits besoins de fille, sans demander quelque chose à quelqu’un », raconte en substance Bintou Lengani,  une jeune fille en troisième année de droit, à l’université Nazi Boni de Bobo-Dioulasso. Après son baccalauréat en 2019, elle quitte Tenkodogo loin des parents et de la famille pour découvrir le milieu estudiantin à Sya. Très vite confrontée aux difficultés du campus, et tenant du même coup à ses études, elle se voit dans l’obligation de chercher une source de revenus pour son auto-dépendance. C’est de là, qu’elle tourne son attention sur le commerce de pagne kôkô dunda, qui est accessible à Bobo-Dioulasso. « Au début, j’ai pris banalement des photos de pagnes kôkô dunda, que j’ai publié sur ma page Facebook.  Quelques heures après, des gens m’ont contacté pour me demander si j’en vendais. J’ai donc répliqué par l’affirmatif, et j’ai pris leurs commandes », témoigne-t-elle. Après cela, poursuit-elle, « Je suis allée voir une dame, qui m’a fait confiance et m’a donné des pagnes à des prix forfaitaires. Apres livraison, je l’ai remis son argent, tout en gardant mon bénéfice. Progressivement, j’ai commencé à me faire connaître, et à prendre les pagnes avec mes propres fonds » a-t-elle expliqué. Ainsi, depuis 2021, la jeune étudiante confie s’être spécialement formée afin d’être elle-même productrice de pagnes. « De nos jours, je produis moi-même mes pagnes. Et cela me permet de gagner encore plus en bénéfices », dit-elle fièrement.

Vie d’étudiante-entrepreneuse

Les difficultés pour Lengani résident au niveau de la gestion du temps. « La gestion du temps est un grand problème pour moi. Pour concilier les études et l’entreprenariat ce n’est pas facile. Je travaille la plupart du temps dans la journée, et le soir je pars prendre les cours avec un camarade de classe pour me rattraper.  Cela me fatigue énormément, mais je n’ai pas le choix », explique la jeune étudiante. En plus, côté entreprenariat, ajoute-t-elle, le manque de moyens financiers fait qu’elle ne peut pas prendre des commandes de pagnes au-delà d’une certaine somme. Malgré tout, Bintou Lengani arrive à subvenir elle-même à ses propres besoins grâce à ce commerce. << Mon revenu n’est pas assez consistant pour l’instant. Mais j’arrive quand même à prendre soin de moi, sans exiger quelque chose de quelqu’un. En quelques sortes, je peux dire que je suis indépendante », affirme-t-elle. A l’endroit des jeunes filles qui vivent de façon pitoyable dans les campus et dans la vie, Bintou Lengani les appelle à ne pas se laisser gagner par la facilité, et à chercher quelque chose à faire, pour être au moins partiellement indépendantes.

Léandre Sosthène Sombié

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