Bobo-Dioulasso : quand les poubelles de certains constituent le gagne-pain pour d’autres

L’ancien cimetière du secteur 22 de la ville de Bobo-Dioulasso s’est reconverti. Il est devenu à nos jours une décharge qui accueille des ordures domestiques provenant à peu près des quatre coins de ladite ville. Ces ordures dont les ménages cherchent à s’en débarrasser, constituent des mines d’or pour certaines personnes majoritairement des femmes.  Elles disent gagner leur vie dans cette activité de fouille d’ordures. Malgré le caractère méprisant et les dangers qu’abritent cette activité, ces femmes restent dévouées, et refusent de s’adonner à la mendicité pour survivre. Mousso News est parti à leur rencontre le samedi 23 avril 2022.

A Bobo-Dioulasso, pour pallier au manque d’emploi, certaines personnes, notamment des femmes d’un âge avancé s’adonnent quotidiennement à la collecte d’ordures ménagères. En effet, elles rassemblent et vendent ces déchets pour subvenir à leurs besoins et de ceux de leurs familles.

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La veille dame Gouem Youlera entre ces tas d’ordures, à la quête de sa pitance quotidienne, sans aucune protection.

Venu au secteur 22 de la ville de Bobo-Dioulasso il y a de cela quatre ans, Gouem Youlera, une femme de la soixantaine d’âge est sur le site depuis six heures du matin. Elle collecte des ordures sans le moindre accessoire de protection. « Je viens quotidiennement ici. Aujourd’hui à six heures, j’étais déjà sur le site. Je ramasse les sachets usés, les bidons usés, le fer et des chaussures hors d’usage que je vends afin de me faire un peu de sous, au lieu d’en demander chaque fois à quelqu’un », a-t-elle fait savoir.

A l’écouter, cette activité qu’elle mène, lui permet de subvenir non seulement a ses propres besoins, mais aussi à ceux des membres de sa famille. « Au secteur 22 ici, je suis avec mon fils. Il travaille, mais son travail n’est pas assez convenable. Je fais donc ce métier pour ne pas être une charge pour lui, et l’aider dans la mesure du possible », dit-elle la voix basse. 

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                                                                  Plusieurs familles survivent grâce à la décharge du secteur 22

Cette activité n’est toutefois rentable selon la sexagénaire.  Elle lui permet ,néanmoins  de se mettre à l’abri du besoin. « Je peux collecter les ordures et les vendre au bout d’une semaine. Dans cette vente, je gagne au moins 5000 F CFA. C’est avec ça que je me débrouille », témoigne-t-elle. Pour Mme Gouem, ce travail est très pénible, et des difficultés n’y manquent pas.

« Les gens en réalité, quand ils nous voient sur ce site, ils nous prennent pour des folles. Le caractère péjoratif de cette activité est une réalité à laquelle nous faisons quotidiennement face », s’indigne-t-elle. Et d’ajouter que dans cette activité; elles font face à toutes sortes de dangers. « Nous travaillons sans gants, ni bavettes, ni chaussures de protection. Les pires choses de la ville se trouvent ici. La poussière et le soleil constituent notre quotidien si bien que les nuits, nous toussons à longueur de journées. C’est Dieu qui nous aide », dit-elle impuissante. 

A l’entendre, les weekends, il est difficile d’avoir des sachets, et cela a une explication. « Les samedis et les dimanches, certaines femmes amènent leurs enfants qui ne partent pas à l’école sur le site. Ceux-ci sont très habiles, et nous les personnes âgées, nous ne pouvons pas courir comme eux à l’arrivé d’un tricycle d’ordures », explique Mme Gouem, sourire aux lèvres.

Son cri de cœur : la création d’un emploi convenable à ces femmes qui sont sur le site, ou  les recenser, et les apporter des matériaux adéquats de protection contre les dangers qu’abritent ces tas de milliers d’ordures.

Léandre Sosthène SOMBIE/ MoussoNews

leandresosthene61@gmail.com

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