Entreprenariat : Les confidences d’Alida Bazié sur les toges en Faso Danfani

Ezona Alida Bazié a fait inscrire son nom dans l’histoire du textile burkinabè en confectionnant les toges des enseignants et chercheurs des universités du Burkina. Décorée à ce titre pour service rendu à la Nation, la passionnée de la mode et promotrice de Arnel Fashion est pourtant titulaire d’une Maitrise en Science de Gestion et d’un Master en Ressources Humaines.

Passionnée par la mode et par l’entreprenariat, Ezona Alida Bazié décide mettre en place sa structure de promotion et de valorisation du Faso Danfani et du textile africain. Après avoir fait une étude de marché, elle constate que beaucoup d’entreprises commandent leurs tenues de travail à l’étranger. « J’ai trouvé que ce serait bien que ces tenues soient faites ici. Cela permettrait aux burkinabè de gagner de l’argent et partant la promotion des produits locaux », s’était-elle dit.

Elle décide ainsi de se lancer dans ce domaine de textile et de mode. Depuis une dizaine d’année, la jeune dame ne cesse de promouvoir le pagne tissé burkinabè au-delà des frontières. De l’Ile Maurice à Addis Abeba, en passant par l’Afrique du Sud, l’Ouganda, le Kenya, le Congo, le Cameroun, etc…, Alida sillonne le continent africain pour vendre le made in Burkina.

A l’entendre, ses produits et le textile africain en général sont beaucoup appréciés dans ces différents pays.  « J’ai remarqué que le Burkina Faso n’avait pas une identité vestimentaire. Quand on part à l’étranger et qu’on rencontre par exemple un Sénégalais, il est toujours dans son grand boubou et on le reconnait par le basin. Je me suis dit que ce serait intéressant si à l’extérieur on reconnait le Burkinabè par le Faso Danfani », laisse-t-elle entendre.

Arnel Fashion, la marque qui voyage

Arnell Fashion est la marque de mode d’Alida Bazié. Elle propose plusieurs types de vêtements avec un design et un style particuliers tels que des tenues de travail, des tenues de ville ainsi que des toges universitaires. Ezona travaille avec rigueur et exigence afin de satisfaire sa clientèle. « Je dis toujours que le client est roi. Il faut le respecter et lui donner l’envie de revenir une prochaine fois car derrière un client, il y a au moins 1000 clients » indique-t-elle.

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Alida Bazié décorée après la confection des toges en Faso Danfani

« Quand c’est le travail, il faut se mettre au sérieux. Je suis très exigeante. Parfois mes employés pensent que je suis dure mais dans un milieu où la compétition est rude, il faut être parmi les meilleurs et il faut être exigent surtout pour ce qui concerne la qualité, les délais de production et de livraison », as-t-elle ajouté.

Plusieurs personnalités au Burkina Faso comme à l’étranger ont été habillé par Arnell Fashion. « J’ai habillé beaucoup d’artistes burkinabè et j’ai eu la chance d’habiller le président libérien Georges Weah. J’ai habillé beaucoup de personnalités à l’étranger qui apprécient mes tenues, qui me font confiance et qui commandent beaucoup », dit-elle.

Elle offre également des tenues accessibles à toutes les couches sociales car dit-elle, « A Arnell fashion, nous tenons compte de la réalité des burkinabè, de ce fait, nous faisons de la couture pour tout le monde. Mon désir est que le Faso Danfani soit accessible à tous ».

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605 toges pour des enseignants et chercheurs

Ezona Alida Bazié est celle qui a été sélectionnée par le gouvernement burkinabè pour produire les nouvelles toges en Faso Danfani des enseignants et chercheurs des universités et instituts publics. Selon elle, utiliser le Faso Danfani pour faire des toges permet aux tisserands, aux couturiers surtout aux femmes burkinabè d’avoir une source de revenu et contribue à faire rentrer de l’argent dans le pays.

Alida n’est pas à sa première compétition. Elle en a remporté plusieurs. Mais celle-ci était un grand défi pour elle.

Un mélange de sentiment de joie et de peur l’animait à l’annonce des résultats. « Ils ont apprécié mon échantillon, ils m’ont fait confiance, est-ce que le rendu sera vraiment parfait ? Qu’est-ce que le peuple burkinabè va penser de mon modèle ? Serai-je vraiment à la hauteur ? Vue le nombre de toges et le temps qui m’est imparti, pourrais-je respecter le délai ? », ce sont autant de questions qui se bousculaient dans sa tête. Quatre mois pour une création de 605 toges, Ezona a vécu des moments intenses de productions et pleins de pressions.

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une vue partielle des toges portées par des chercheurs et universitaires

Elle réussit finalement à livrer des produits de qualité et satisfaisants. Elle affirme être fière du travail abattu. « Je ne réalisais pas l’importance, la grandeur et l’ampleur de ce que je venais de faire jusqu’au jour de la cérémonie officielle de port des toges. Lorsqu’on m’a demandé de me présenter, je me suis retournée et j’ai vu une salle complètement bleue avec de belles tenues. Je me demandais si c’était vraiment ma création », se réjouit-elle en ajoutant avoir eu des retours très positifs sur le net.

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L’épargne, un élément indispensable pour réussir son entreprise

Le secret en entreprenariat selon Ezona est de pouvoir épargner lorsqu’on a un marché avec un gros chiffre d’affaires. Selon elle, les entrepreneurs doivent toujours construire un stock de sécurité financier dans leur bénéfice. A l’en croire, certains entrepreneurs veulent s’offrir ce qu’ils n’ont jamais pu s’offrir et cherchent à changer de standing dès qu’ils ont l’argent. Il faut rester constant parce que la réalité est dure. Il faut toujours mettre de l’argent de côté même lorsque tu penses que c’est la période des vaches grasse. Quand viendra le moment où il y a des difficultés pour écouler les produits, cet argent permettra à l’entreprise de fonctionner », commente-t-elle.

Elle encourage les étudiants, surtout les filles à entreprendre quel que soit leur niveau d’étude. « La plupart de mes employées sont des étudiantes. Quand je fais des recrutements pour des postes de vendeuses, d’assistantes, de secrétaires, j’ai le cœur serré quand je vois une centaine de personnes m’appeler, m’écrire et défiler dans mon entreprise. Parmi celles qui postulent, certaines ont le bac+4, +5 », déplore-t-elle.

Selon la styliste, le tissage, par exemple, est un secteur très porteur et le Faso Danfani sera bientôt reconnu mondialement. Elle estime qu’il n’y a pas de honte pour une personne qui ait terminé ses études d’apprendre à faire ce métier. Ses études pourront être un atout et lui favoriseront une bonne gestion de son argent, de son temps de travail et un bon marketing.

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Des artistes habillés par Alida Bazié

Le plus grand challenge de Ezona Alida Bazié est de réussir à faire mieux, à se surpasser afin d’offrir des services de qualité à ses clients, car dit-elle, « quand beaucoup de gens t’apprécient, tu n’as plus droit à l’erreur. Tu dois travailler à t’améliorer afin de faire mieux que ce que tu as fait ».

Elle envisage faire grandir Arnell Fashion, s’équiper en matériel et en personnel.

Son rêve est de confectionner des toges pour des universités d’ici et d’ailleurs, réaliser des tenues de travail pour des structures à Ouaga, au Burkina et un peu partout dans le monde.

E. W. Heureuse CONGO

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