#InstantDiasporaBurkinabè : Bintou Ughi, la danseuse Burkinabè qui fait la UNE des médias italiens

L’amour a amené Bintou Ouattara en Italie et elle y est restée. A Milan, la capitale italienne depuis 2005, la bobolaise désormais madame Ughi est une danseuse comédienne et actrice. Avec son époux, ils ont mis en place la compagnie de théâtre – Piccoli Idilli- pour promouvoir la culture Italo-Burkinabè.

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  • Présentez-vous à nos lecteurs ?

Je suis Bintou Ughi/ Ouattara. Je suis actrice danseuse/metteur en scène. Mariée et mère de deux enfants.

  • Depuis quand êtes-vous en Italie et dans quelle ville précisément ?

Je suis en Italie depuis 2005/2006 dans la ville de Milan, la deuxième ville du pays. Un peu comme Bobo-Dioulasso ou je suis née.

  • Etudes, Mariage, Job…, qu’est-ce qui vous a amené en Italie ?

Je suis arrivée en Italie par amour. Je peux dire que c’est aussi par le travail. J’ai commencé la danse et le théâtre à Bobo-Dioulasso. Et un jour celui qui allait être mon époux m’a vu sur scène. Il était émerveillé de ma prestation. Il m’a donc invité en Italie. C’était en juillet 2005. Nous sommes restés ensemble pendant trois mois. Il m’a fait faire des stages de danses contemporaines et de théâtre. J’ai par exemple eu la chance de travailler avec l’une des plus grande compagnie- La Compagnia Virgilio Sieni-.

  • Comme s’est passé votre intégration ?

Mon intégration a été un peu difficile parce ce qu’il fallait apprendre la langue italienne pour s’intégrer et pouvoir travailler.  J’étais en contacte permanente avec les gens au Burkina. J’avais ma famille et aussi ma deuxième famille qui était notre groupe théâtral.  Je me sentais seule.

Je me suis inscrite à l’école pour apprendre donc la langue italienne. Et en 2006, mon mari et moi avons créé notre compagnie du nom de « Piccoli Idilli ». Mon mari est le metteur en scène et moi l’actrice. Tout doucement mais surement, nous faisons grandir nos activités et on collabore aujourd’hui avec d’autres compagnies.

  • Est-ce que vous êtes en contact avec d’autres burkinabè ?

Je suis en contact avec d’autres Burkinabè. Nous travaillons beaucoup avec des artistes Burkinabè vivants en Italie

  • Comédienne et danseuse Burkinabè, vous faite parfois la UNE des médias Italiens. Quels sont les spectacles dans lesquels vous jouez ?

Oui il est arrivé plusieurs fois que je fasse la UNE des médias italiens à travers la compagnie – Piccoli Idilli- parce que nous organisons assez de spectacles. J’ai joué par le spectacle – Kanu- qui a eu le prix In-Box en 2019, le spectacle “Senza Sankara” Progetto Vincitore MigrArti Spettacolo, le spectacle “dannatamente libero “ MITTELFEST 2020 CIVIDA, et bien d’autres que je ne saurai finir de citer.

  • Vous avez joué dans la série les – bobodiouf-, qu’est-ce qui vous a le plus marqué ?

Ce qui m’a le plus marqué n’est même pas la série -Bobodiouf-. C’est tout de même ma toute première série avec les acteurs des Bobodioufs qui s’intitulait – « La Mayonnaise africaine ».  J’avais à peine intégré le groupe de théâtre Bandeya et on nous informe qu’il aura un casting avec le réalisateur de la série- les Bobodioufs-.  Tous les acteurs et actrices de la ville de Bobo étaient présents à ce casting.

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Je me rappelle qu’une ancienne actrice nous a fait savoir de ne même pas essayer parce qu’elle estimait que c’est seulement les grands acteurs qui allaient été retenus. Nous, débutants avons convenus de rester au centre Siraba. Mais aux environs de 12h, un de nos frères qui vivait en Allemagne (paix à son âme) nous a conseillé d’aller  tenter notre chance et qu’il n’y a pas de grand ou petit acteur.

Et c’est là où tout a commencé.  J’ai été retenue comme actrice principale.  Je devais jouer avec mon metteur en scène à l’époque. Ensuite j’ai joué dans la nouvelle série des Bobodiouf et pleins d’autres films.

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  • Quels sont vos défis au quotidienne en tant que comédienne danseuse ?

Je ne veux pas mourir avec le statut d’artiste. Je souhaite mettre en place des projets qui impacte nos communautés. En Italie, vivre de son art n’est pas aisé. Il est difficile d’avoir des espaces pour les répétitions, ou encore organisé des tournées. La Covid-19 a laissé de grandes cicatrices dans les spectacles avec la réduction du nombre d’artistes.

  • Avez-vous des difficultés ?

Bien sur que oui. Nous avons eu des difficultés. Nous avons des difficultés parce que les artistes burkinabè et en général africains beaucoup ne sont pas stables dans les pays de l’Europe. Il y a trop d’imprévu. Il est aussi assez difficile d’être reconnu dans le milieu du théâtre européen.

  • Quel est le regard de la société italienne sur les Burkinabè ?

Lorsque je suis arrivée nouvellement en Europe et quand tu dis Afrique, beaucoup pensent que c’est un pays. Ils ne savent pas que c’est un continent. Il a fallu du temps pour qu’ils apprennent à nous connaitre et l’objectif de nos compagnies est justement d’apporter un autre regard positif du Burkina et de l’Afrique.

  • Qu’est-ce que vous aimez en Italie ?

J’aime l’Italie. C’est un très beau pays. J’adore les villes de Milan, Rome, Florence, Venice. Je suis bien intégrée, mais ça ne veut pas dire que tout est en rose.

  • Que diriez-vous à une jeune femme qui rêve de venir en Italie ?

Pour une femme qui rêve de venir en Italie, je lui dirai d’avoir un bagage intellectuel. Elle doit être capable de faire quelques choses soi-même.  C’est important. Les études sont fondamentales pour l’apprentissage de la langue Italienne. Il faut savoir mixer les amitiés pour apprendre vite la langue et avoir des opportunités. Elle doit être disponible à recommencer du bas pour arriver. Elle doit avoir une vision. L’Europe c’est le travail. Je ne dis pas qu’au Burkina ça ne travaille pas, mais beaucoup de gens pense qu’en Europe tout est facile. Ce n’est pas vrai mes frères et sœurs. Rien n’est cadeau. Il y’a des avantages, je le reconnais pas mais on gagne son pain à la sueur de son front.

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  • Quels sont vos projets pour le Burkina ?

J’ai pleins de projet pour le Burkina mais étant en Italie il est difficile de les réaliser. J’ai toutefois commencé l’agriculture et l’élevage. Je suis en partenariat avec des amis suisses pour échanger sur les différentes techniques de cultiver. Ça sera un projet pour les jeunes. Nous avons besoin du surplus alimentaire pour combattre la faim.

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J’aimerai aussi faire la transformation des aliments et la conservation parce que j’ai remarqué qu’on jette trop de nourriture pendant la période du surplus.

  • Est-ce que vous comptez rentrer un jour au pays ?

J’aimerai rentrer un jour revenir au pays. Mais on verra.

  • Le Burkina fait face à une crise sécuritaire depuis quelques années, quelles sont les actions que vous menez pour venir en aide aux victimes ?

Très sincèrement avant, je ne faisais rien. Parce que je pense comme beaucoup d’autres Burkinabè que nos autorités ne méritaient pas notre confiance. Mais avec la venue du Président Ibrahim Traoré les choses ont changé. J’ai apporté ma petite contribution à une collecte pour des déplacés internes.  Nous sommes en train de nous organiser pour voir comment nous pouvons faire plus étant ici.

  • Quel est votre rêve pour la femme Burkinabè ?

Je rêve de voir l’ensemble des femme Burkinabè qui ont la chance de s’occuper. Qu’elles puissent avoir quelque chose à faire – un emploi, du commerce, etc-., afin de vivre dignement. Je rêve de voir des femmes Burkinabè plus solidaire. Nous ne sommes pas des coépouses. Nous devons êtres des coéquipiers, des sœurs. Je plaide auprès des décideurs de fixer un minimum d’étude pour les filles. Parce que dès lors que la fille tombe enceinte, elle abandonne les études et la société a un regard de mépris envers elle.

Interview réalisée en ligne par Bassératou KINDO

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