#InstantDiasporaBurkinabè : « Je veux revenir servir mon Faso natal », Sally Maïga étudiante en Italie

Sally Maïga est une jeune burkinabè de 25 ans qui vit en Italie. Membre de plusieurs associations et ONG, elle a pu bénéficier d’une expérience solide dans le domaine de la diplomatie et de l’humanitaire. Elle est co-fondatrice du forum des jeunes burkinabè d’Italie qui a pour objectif de réunir les différentes compétences de cette jeunesse au profit de leur communauté. La jeune fille très attachée aux valeurs de son pays désire mettre en œuvre un projet d’assistance humanitaire au profit des déplacés internes de la région du Nord.

#InstantDiasporaBurkinabè : « Je veux revenir servir mon Faso natal », Sally Maïga étudiante en Italie 2
Sally Maïga
  • Présentez-vous à nos lecteurs ?

Je m’appelle Sally Maïga, j’ai 25 ans et je suis née à Côme, en Italie, bien que mes parents soient burkinabè. Mon domaine d’études était en Sciences Politiques et en Relations Internationales. J’ai rejoint plusieurs associations et ONG basées en Europe et en Afrique, notamment AGESCI, le Parlement Européen des Jeunes, la Fondazione Cultura Democratica, ONE Campaign, les Jeunes Européens Fédéralistes, l’European Liberal Youth, l’UNMGCY, Islamic Relief, la Croix-Rouge Italienne, le Forum des Jeunes Burkinabè d’Italie, Kimpavita Dakar, et l’AJPD-BF.

Passionnée par le secteur humanitaire et les relations internationales, j’ai décidé de rejoindre l’AJPD-BF en 2024. Depuis avril, j’occupe le poste de Point Focal pour l’Italie au sein de cette organisation.

  • Quel est votre parcours scolaire ?

J’ai étudié les Sciences Politiques et Relations Internationales à l’Université Catholique du Sacré-Cœur à Milan avec une concentration sur les Institutions et Organisations pour la Coopération.

Au cours de ma deuxième année d’université, j’ai participé à un programme d’échange international d’un semestre à l’Université de Genève, où j’étais inscrite à la Geneva School of Economics and Management et à la Faculté de droit. J’ai décidé d’explorer les cours d’autres facultés afin d’apprendre quelque chose que je n’apprenais pas déjà. À l’avenir, j’envisage de me spécialiser dans le domaine du droit international.

  • Membre de plusieurs associations et ONG, quelle est l’expérience que vous avez retenu de ces collaborations ?

En tant que membre de plusieurs associations et ONG, j’ai pu bénéficier d’une expérience riche et variée. Ces collaborations m’ont permis d’acquérir des compétences précieuses en matière de leadership, de gestion de projets et de travail d’équipe. J’ai également eu l’opportunité de contribuer à des initiatives importantes dans des domaines tels que l’éducation, les droits de l’homme, la santé et le développement communautaire. Chaque organisation m’a apporté une perspective unique et m’a aidé à développer une compréhension approfondie des enjeux locaux et mondiaux. En travaillant avec ces associations et ONG, j’ai pu mettre en pratique mes valeurs et mon engagement pour un monde plus juste et équitable.

  • Quel a été votre rôle dans ces organismes ?

Depuis lors, je me suis engagée sur des thématiques telles que la coopération internationale, la participation politique de la jeunesse, le féminisme, le panafricanisme et l’action humanitaire. Au fil des années, j’ai rejoint plusieurs associations et ONG basées dans l’ensemble des pays européens et en Afrique. Dans ces organismes, j’ai occupé différentes rôles et responsabilités, selon les besoins et les opportunités offertes. En tant que membre active, j’ai participé à des activités de sensibilisation, de plaidoyer et de collecte de fonds. J’ai également été impliquée dans la coordination de projets, la rédaction de résolutions, la promotion des ODD de l’ONU, la participation à des simulations d’institutions internationales, la participation à des rencontres avec des décideurs politiques, l’organisation d’événements et la représentation des organisations dans des forums nationaux et internationaux. Mon engagement s’est souvent étendu aussi à des tâches de gestion administrative et logistique, ainsi qu’à la collaboration avec d’autres organisations partenaires. De plus, en tant que bénévole secouriste, j’ai acquis une expérience précieuse dans le domaine de l’aide médicale d’urgence, ce qui a renforcé mes compétences et mes connaissances dans le domaine humanitaire et des services d’urgence.

Ces expériences ont joué dans l’ensemble un rôle déterminant dans l’obtention des deux emplois que j’ai occupés dans les domaines diplomatiques et humanitaire, en me fournissant les compétences et l’expertise nécessaires.

  • Parlez-nous de votre parcours professionnel ?

Pendant mes études universitaires, j’ai eu la chance de devenir stagiaire au Consulat Général du Burkina Faso à Milan.

L’année dernière c’est-à-dire en 2023, en revanche, j’ai vécu au Sénégal pendant près d’un an, après avoir obtenu un stage à la Délégation Régionale de la Croix-Rouge Italienne pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, située à Dakar. Là-bas, j’assistais la Déléguée Régionale et la Coordinatrice des Projets.

  • Qu’est-ce qui vous a motivé a co-fonder le forum des Jeunes burkinabè d’Italie ?

Pendant mon stage au consulat, j’ai rencontré d’autres jeunes, et l’un d’eux m’a parlé de son idée de créer une association pour les jeunes de la diaspora en Italie. C’était quelque chose d’inédit. Habituellement, toutes les associations de la diaspora étaient l’œuvre de nos parents, avec des objectifs différents de ceux que nous avions en tête. En tant que jeunes, nous occupions un rôle marginal. Nous avons donc décidé de nous donner une voix et une plateforme ouverte à tous, où nous pouvons tous exploiter nos compétences au profit de notre communauté. Cette volonté de créer un espace inclusif et dynamique pour les jeunes de la diaspora burkinabè en Italie est née de l’observation de la dynamique de notre génération dans le pays. Nous avons réalisé que notre diversité n’est pas un fardeau, mais une opportunité pour gérer le développement de l’Afrique. Cependant, nous avons également compris que pour apporter un changement tangible, nous devons créer un réseau permettant une véritable coopération pour des objectifs communs. C’est ainsi qu’avec une douzaine de personnes nous avons décidé de former le Forum. Les jeunes ont plus que jamais besoin d’inspiration et de représentation pour réaliser leur plein potentiel et être guidés vers leur développement personnel.

  • Quel est l’objectif de ce forum ?

Notre objectif est de créer une cohésion interculturelle stratégique entre le Burkina Faso et sa diaspora de jeunes en Italie, en observant les principes du panafricanisme, en encourageant la participation des jeunes, en maximisant le potentiel de leur parcours éducatif et en promouvant la gouvernance socio-politique et économique.

Au niveau du Forum je suis membre du Conseil Directif et Chef de Projets et de la Coopération Internationale. Dans mon rôle j’ai eu la chance de participer comme porte-parole à des sommets internationales, tels que le G20 Youth Summit, et j’ai collaboré avec d’autres organismes et ONG pour l’implémentation des projets.

  • Le jeune Burkinabè a-t-il bonne presse en Italie ?

Le jeune Africain – et par conséquent les burkinabè – en Italie ne jouit malheureusement pas toujours d’une bonne réputation. Nous sommes souvent confrontés à des stéréotypes négatifs et des préjugés alimentés par des institutions structurelles de racisme et de bigoterie. Malgré cela, nous jeunes burkinabè, grâce à des opportunités comme le Forum JBI et maintenant avec l’AJPD-BF, nous cherchons à réinventer notre récit et à présenter une représentation positive de la jeunesse burkinabè en Italie.

Les gens ont tendance à nous juger moins compétents en raison de notre apparence et de notre identité, sans nous donner la chance de leur prouver le contraire. Nous devons souvent redoubler d’efforts pour être considérés à notre juste valeur. Il est surprenant pour certains de constater que nous aussi, nous pouvons atteindre le succès, et lorsque nous y parvenons, nous ne sommes jamais assez célébrés, même au sein de notre propre communauté.

Nous devons nous réapproprier notre pouvoir et empêcher les préjugés de miner notre progression et nos performances. Soutenir les autres est la meilleure façon de nous aider à travers un développement personnel renouvelé. Plutôt que de garder nos connaissances pour nous-mêmes, nous pouvons enseigner aux autres ce que nous avons appris, pour rendre tout le monde aussi capable et invincible et construire une communauté puissante qui servira de force motrice pour façonner l’avenir du Burkina Faso et nos opportunités en Italie. Au lieu de rester les pieds sur terre lorsque nous ne trouvons pas le bon chemin, nous pouvons créer des opportunités qui n’existent pas encore. Nous n’avons pas à attendre que quelqu’un d’autre le fasse pour nous, nous devons prendre sur nous-mêmes d’être de vrais leaders et ouvrir la voie à l’innovation.

  • Stagiaire au Consulat Général du Burkina Faso à Milan, comment a été cette expérience ?

Cette expérience a été un moment décisif pour moi car elle a été ma première immersion dans le monde professionnel pendant mes études universitaires. Elle m’a offert un véritable aperçu de la réalité du travail au sein d’un consulat, ce qui était à la fois passionnant et enrichissant. Travailler aux côtés de l’équipe consulaire m’a permis de développer un sens de responsabilité et d’autonomie, tout en contribuant à des tâches concrètes au quotidien. Cette expérience m’a également aidé à affiner mes compétences interpersonnelles. De plus, elle a été un moment décisif pour moi pour me rapprocher de ma communauté, gagner en confiance et comprendre comment fonctionne le monde de la diplomatie.

Mes plus beaux souvenirs étaient quand je franchissais les portes du Consulat et j’avais l’impression de pénétrer dans un portail me transportant, pour quelques heures par jour, directement au cœur du Burkina Faso. C’était comme si je me retrouvais chez-moi, une sensation que je recherchais toujours lorsque j’étais en Italie. Cette atmosphère familière et chaleureuse créait un lien précieux avec ma culture et ma communauté, rendant chaque journée au Consulat significative et enrichissante à bien des égards.

  • Êtes-vous déjà venue au Burkina Faso ?

J’ai eu le privilège de visiter le Burkina Faso à plusieurs reprises, principalement dans mon enfance et à chaque fois pour des périodes prolongées. Mes parents ont toujours eu à cœur de me faire découvrir notre pays, et la meilleure manière d’y parvenir était de le vivre à travers mes propres yeux, non pas en tant que simple touriste, mais en tant qu’enfant du pays.

  • Avez-vous des projets pour votre pays ?

Je suis actuellement au Burkina Faso et j’ai récemment rendu visite à ma famille dans la région du Nord. Avant mon voyage, j’avais commencé à écrire un projet que je voulais réaliser au profit de ma communauté.

J’ai déjà travaillé dans la gestion de projets pour une organisation internationale et je sais à quel point il peut être difficile de mettre en œuvre un projet, même si on est soutenu par différentes parties prenantes et qu’on bénéficie d’un appui important, mais j’étais tellement motivée pour faire quelque chose de manière indépendante et je ne veux pas abandonner.

Mon village est l’un des rares endroits de la région à ne pas avoir été largement touché par l’insécurité, si bien qu’il est devenu un refuge pour les Déplacés Internes depuis les villages voisins. Mon idée était de répondre aux besoins des Déplacés Internes en créant une installation qui offrirait aux personnes vulnérables en transit un refuge sûr où ils recevraient une assistance humanitaire, une protection et un soutien pendant leur voyage migratoire, étant donné que la population locale répond actuellement à leurs besoins avec ses propres moyens et avec un soutien extérieur limité.

Au cours de ma visite, j’ai décidé de recueillir des données, d’évaluer la situation et de procéder à une évaluation des besoins. Il s’agit d’un projet ambitieux, qui prendra probablement beaucoup de temps avant d’être pleinement opérationnel, mais qui aura un impact durable sur la population. Il s’agit d’un service essentiel et, lorsqu’il s’agit de vies humaines, tous les efforts valent la peine d’être déployés.

  • Pensez-vous un jour vous installer au pays des Hommes Intègres ?

Absolument, je veux ramener mes connaissances et mon expertise là où ils appartiennent vraiment et servir mon pays. Je n’ai pas choisi de naître en Italie, mais je veux choisir où je passerai le reste de ma vie. Et sans aucun doute, je rêve d’un jour m’installer au pays des Hommes Intègres, le pays natal de mes ancêtres, avec la ferme conviction de contribuer à son développement et à son bien-être.

  • Votre message à l’endroit de la jeunesse burkinabè ?

Vous êtes les architectes de votre futur. Ne laissez pas les obstacles vous décourager, mais laissez-les vous inspirer à atteindre de nouveaux sommets. Votre détermination et votre ingéniosité sont les clés qui ouvrent les portes de l’avenir. Ensemble, avec votre passion et votre engagement, vous pouvez écrire une nouvelle histoire pour le Burkina Faso. Alors, osez rêver grand, osez agir avec courage et laissez briller votre lumière pour guider le chemin vers un avenir meilleur.

Interview réalisée par Mireille Sandrine Bado/MoussoNews

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