#InstantDiasporaBurkinabè :« L’aventure ne rend pas une personne riche », David Gouem entrepreneur en Italie

David Gouem, entrepreneur burkinabè réside en Italie depuis 1991. Ressortissant de Boussouma dans la province du Boulgou, il ne cesse de contribuer efficacement au développement de son pays.

  • Présentez-vous à nos lecteurs ?

Je suis David Gouem entrepreneur burkinabè et je vis en Italie précisément dans la ville de milan depuis 1991.

  • Pourquoi le choix de l’Italie ?

Mon choix s’est porté sur l’Italie car depuis les années 80 beaucoup de compatriotes burkinabés, surtout ceux du Boulgou migraient beaucoup vers ce pays. Je souligne que cette migration était dû à la main d’œuvre accessible et favorable.

  • Comment s’est passé votre intégration ? Est-ce que vous vous sentez à merveille dans ce pays ?

Mon intégration n’a pas du tout été facile, à un moment donné j’ai failli faire marche arrière. Je voulais revenir au pays. En Italie il y avait peu de noirs à son temps alors que par exemple en France, en hollande en Angleterre ce n’était pas le cas. Cela à beaucoup joué sur mon intégration mais aujourd’hui selon moi c’est plus facile de s’intégrer.

 Dire me sentir à merveille n’est pas totalement vrai car on se sent véritablement bien que chez soi.

  • Quel est votre domaine d’activité ?

Je suis dans le domaine de la mode, dans la confection des chaussures et nous sommes plus tôt grossiste. Mon entreprise est plus fixée dans la fabrication des chaussures féminines mais nous confectionnons aussi des chaussures pour hommes.   Je suis aussi dans plusieurs projets industriels depuis 1996.

  • Est-ce un métier rentable ? est-ce que vous arrivez à prendre en charge vos proches ?

J’ai effectué un long parcours pour arriver à ce niveau. En Europe le salaire est élevé qu’en Afrique mais la vie est très chère. De ce fait j’ai décidé d’allier plusieurs projets pour faire plus de finances. Je ne me suis pas lancé dans la fabrique par hasard.

J’ai d’abord reçu des formations et aussi j’ai travaillé des années dans des maisons de fabrique. Ce domaine est très rentable car j’arrive à m’occuper dignement de ma famille et à investir en Italie et au Burkina Faso.

  • Quel est votre quotidien ?

Mon quotidien ici est très mouvementé. Je travaille de 7h à 14h dans la fabrique, ensuite je gère certaines activités avec des partenaires sur des projets. Vers 16h je rentre prendre la garde de mes enfants pour que ma femme puisse aller travailler. Ici ce n’est pas comme au pays où tout est relaxe.

  • Avez-vous réalisé des projets au Burkina et aussi est ce qu’il Ya des projets en cours pour le pays de votre part ?

J’ai réalisé plein de projets au Burkina à savoir une aide à la construction d’école à boussouma, la transformation de la tomate, la fabrication du savon, du beurre de karité avec l’appui de l’associative des femmes actives de boussouma et plein d’autre que je ne puisse énumérer.

  • Est-ce que vous êtes souvent présent au pays ? vous faites combien de temps avant de venir ?

Je suis très présent au pays, Depuis 2007, je viens au minimum une à deux fois dans l’année. En 2011 et 2013, j’ai même fait une année au pays pour la réalisation et le suivis de certains projets.

  • Pensez-vous revenir au pays un jour vous installer définitivement ?

Pour moi c’est une obligation de rentrer m’installer au Burkina. Nous les noirs, nous avons participé au développement de l’Europe alors à un moment il serait temps de rentrer faire pareil chez nous une fois que la stabilité se pose en Afrique surtout au Burkina. J’en connais plusieurs qui sont rentré définitivement et bientôt ce sera mon tour.

  • Quels ont été vos difficultés, vos défis à votre arrivé en Italie ?

Les difficultés ont été tel que le logement, la langue, en général l’intégration pour dire. J’ai fait face à plusieurs défis une fois arrivé à l’Italie, à savoir faire une formation, avoir un bon travail et rester focalisé sur mes ambitions.

  • Par quels moyens de transport êtes-vous arrivé en Italie ?

J’ai eu la chance de venir en Italie par la voix aérienne. Comme il n’y avait pas d’ambassade d’Italie au Burkina, je suis arrivé par la Belgique avec un visa belge et par la suite j’ai décidé de traverser l’Allemagne, la suite par le train pour arriver en Italie.

  • Les jeunes continuent l’immigration maritime, que pensez-vous de ce risque ?

L’immigration maritime est un grand risque mais selon moi ces derniers n’ont pas tort quand ils s’adonnent à ce fléau. Certes cela est un grand danger mais parfois il faut choisir entre la vie et la réussite, certains diront que j’encourage ces jeunes à risquer leur vie mais en principe ces jeunes dans nos pays africains surtout en Afrique sahélienne sont confronté au manque d’emploi et la survie devient très difficile.

  • Parler nous de la société de tomate à boussouma dans votre village

La société de transformation de tomates ‘Boussim tomate’ a été créé en 2011 entre l’association des médecins dentistes de Milan, les femmes actives de boussouma en collaboration avec moi David Gouem. C’est un projet qui a été réfléchis entre moi et un ami financier italien et par la grâce de Dieu tout a été mis en place 8 mois après la présentation de mon projet.

Ces italiens viennent chaque année inspecter le travail qui est fait et ils contrôlent bien l’équipement mis en place et aussi montrer leur présence de collaborateur.

Ce fut un projet osé car c’est un grand risque que j’ai pris pour amener ces collaborateurs à investir. Heureusement pour moi il a été fructueux.

Chaque année nous produisons plus de 15 000 bouteilles de tomates vu que la culture de la tomate est saisonnière. Notre difficulté se pose au niveau des bouteilles pour une bonne conservation. Il faut obligatoirement importer les bouteilles de l’Europe car le modèle ne se trouve pas au Burkina.

  • Ou sont commercialisé les produits ?

Je souligne que c’est du constat que les tomates sont beaucoup consommées en Italie que j’ai mis ce projet en place. La vision de ce projet était d’importer ces tomates bio uniquement en Italie et aussi servir un hôtel au Burkina. Malheureusement la commercialisation est limitée en Afrique car la demande est forte. Nous avons été contactés par des supers marchés, et alimentations au Burkina. Comme je l’ai dit plus haut nous ne pouvons pas satisfaire la clientèle par manque de matériels de conservation. Nous essayons de faire de notre mieux pour satisfaire le marché burkinabé. Aussi nous recevons plein de demande de certains de la sous-région.

Mais ces dernières années nous exportons du savon fabriqué à boussouma en Italie. En Aout 2023 j’ai exporté près de 3 tonnes de savons pour l’Italie.

  • Quelles sont vos relations dans cette entreprise ? quelle place occupée vous ?

Je peux dire que je suis celui à qui le projet appartient mais que les moyens financiers n’y étaient pas pour le mettre en place. Pour dire je suis le gestionnaire, le centre du projet, raison pour laquelle chaque année je viens voir le travail fait.

  • Combien de personnes sont employées dans cette entreprise de transformation et en particulier est-ce des femmes qui travaille là-bas ?

Nous avons 100 employés repartis à savoir 98 femmes. Au niveau de la transformation de la tomate nous avons 33 femmes,25 femmes du côté des savons et 40 pour le beurre de karité. Ces femmes s’adonnent corps et âmes pour satisfaire les financiers et la clientèle. Les deux autres sont des hommes dont il s’agit du manager et du gardien de la société.

  • Pourquoi l’employabilité féminine dans ce centre ?

Personnellement j’ai toujours fait un cri de cœur pour l’autonomisation des femmes en Afrique surtout au Burkina. J’ai voulu que les femmes de mon village soient épanouies en travaillant pour gagner dignement leur pain quotidien. La femme est une étoile et une étoile doit toujours briller. De ce fait pour briller il faut qu’elle soit autonome et qu’elle arrive à s’occuper d’elle-même sans toujours tendre la main.

  • Quel est votre espoir pour l’entreprenariat des jeunes en Afrique, en particulier au Burkina ?

Le Burkina est sur la bonne voix du côté de l’entreprenariat, mais il reste tout de même difficile. Le problème sécuritaire s’y pose au bon déroulement des activités. Je peux dire que depuis l’insurrection populaire en 2014, les activités au pays ne sont plus les mêmes. De jour en jour il est difficile que les activités font bon train mais on garde l’espoir que tout ira bien vu que la jeunesse est dynamique et battante.

Aussi avec internet ces jeunes feront des merveilles en montrant les intellects. Actuellement j’ai une grande liste de projet pour le Burkina mais avec la non stabilité du pays les bailleurs ne veulent pas investir et cela ralentis les choses.

  • Quel est votre souhait pour le Burkina ?

Je souhaite que le Burkina retrouve sa stabilité territoriale et gouvernementale. Il faut que d’ici là qu’on ne parle plus de terrorisme au Burkina et que les populations vaquent à leur occupation sans crainte. Avant, à chaque fois que je viens au Burkina il y a au moins 15 italiens qui viennent avec moi, mais ce n’est plus le cas.

  • Votre mot de fin

Je rappelle à la jeunesse que l’aventure ne rend pas une personne riche. On est riche que chez soi-même avec le peu qu’on a.

Nous jeunes burkinabé soyons déterminé dans le travail et la richesse viendra à nous.

Interview réalisée par Mariam LINGANE/MoussoNews

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