#InstantDiasporaBurkinabè | « Les étudiants burkinabè ont bonne presse en France » Guetwendé Gilles Sawadogo, Doctorant en France
Guetwendé Gilles Sawadogo est un doctorant en droit public à l’Université de Bourgogne en France. Très fréquent au pays, le jeune étudiant a mis en place – Gueta Inter Service – une entreprise de droit français spécialisée dans l’expédition des colis entre la France et le Burkina.
- Présentez-vous à nos lecteurs ?
Guetwendé Gilles SAWADOGO, doctorant en droit public à l’Université de Bourgogne à Dijon en France.
- Pourquoi Guet Wendé est partie en France ? Et dans quelle ville précisément ?
Je suis parti en France afin de poursuivre mes études. J’ai d’abord fait un master 2 en protection des droits fondamentaux et libertés à l’Université de Franche Comté à Besançon avant d’entamer depuis 2017 ma thèse de droit public à l’Université de Bourgogne à Dijon.
- Pourquoi le choix de cette ville ?
La ville on ne choisit pas vraiment quand on va étudier en France. On postule via campus France pour les formations qui nous intéressent. Pour mon cas, je suis allé à Besançon car c’est cette Université qui m’a accepté en premier. Pour gagner en temps dans les procédures administratives, j’ai immédiatement validé mon inscription et entamer la procédure d’obtention de visa. Je suis ensuite allé à Dijon qui est une ville voisine car c’est là que j’ai trouvé un Directeur de thèse.
- Vous êtes professeur en Droit comment s’est fait votre recrutement ?
Quand on prépare une thèse, on est prédestiné à l’enseignement supérieur. A ce titre, l’Université recrute parmi les doctorants, pour assurer les travaux dirigés soit en tant que vacataire, soit en tant que ATER (attaché temporaire d’enseignement et de recherche). Je suis passé par tous les types de contrats depuis 2018.
- L’intégration dans la communauté française se passe-t-elle bien à votre niveau ?
Franchement très bien. Aussi bien socialement que professionnellement je rends grâce à Dieu.
- Quelles sont les difficultés que vous rencontrez au quotidien ?
Eloignement, crainte par rapport à la situation du pays.
- Quels sont les défis auxquels vous faites face ?
Travailler pour mériter le respect de tous. Comme je le rappelle chaque année aux nouveaux qui arrivent : Nous n’avons pas besoin d’être aimés dans ce pays. Nous avons besoin d’être respectés. Et pour cela, il faut travailler encore et encore plus !
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- Bureau d’assistance de formation académique (Bafa), qu’est-ce qu’il devient ?
BAFA est mort. C’est un projet que nous avons abandonné pour d’autres projets.
- Combien d’étudiants avez-vous pu assister depuis la mise en place de Bafa en 2018 ?
Une dizaine. Mais en dehors de BAFA, chaque année, nous assistons bénévolement plusieurs étudiants qui arrivent en France ou qui nous contactent pour des renseignements.
- En France quelles sont les difficultés auxquelles les étudiants Burkinabè font face ?
Problèmes administratifs (difficulté de renouvellement des titres de séjour par exemple), difficultés d’insertion professionnelle et sociale.
- De façon globale, le Burkinabè est vu comme intègre, honnête et travailleur, aviez-vous ces éloges dans l’exercice de votre profession ?
De manière générale, les étudiants burkinabè ont bonne presse en France. Difficile de trouver un burkinabè dans des scandales. Pour ma part, je dirai que j’ai toujours eu de très bons rapports avec mes collègues et que sur le plan académique, je n’étais pas le dernier de la classe lol !
- Parlez-nous de Gueta Service, il s’agit de quoi comme service ?
Gueta Inter Services est un autre de nos projets. Nous avons mis en place une entreprise de droit français spécialisée dans l’expédition des colis entre la France et le Burkina (guetaservices.com pour plus de renseignements).
- Est-ce que ça marche ?
Le besoin est là, la concurrence également. Mais nous nous en sortons bien. Evidemment, nous sommes constamment en quête de nouveaux et plus de clients.
- N’y a-t-il de craintes de pertes de colis, de vols, etc ?
Le risque zéro n’existe pas. Mais nous faisons tout pour les limiter. Aussi, en cas de pertes, nous assumons et remboursons le client.
- Guet Wend a-t-il des projets pour le Burkina Faso ?
Pour l’instant, je me concentre sur ma thèse que je dois terminer. La suite, on verra.
- Quand comptez-vous rentrer au pays ?
Je suis assez régulier au pays, maintenant si la question est « quand je rentre définitivement », je ne sais pas encore. Cela se fera en accord avec mon épouse !
- Quel est votre regard sur la situation socio-politique et sécuritaire du Burkina ?
Triste, inquiet mais optimiste ! Les nations se construisent dans la douleur !
- Quel est votre rêve pour le Burkina ?
Un Burkina paisible, un Etat de droit démocratique !
- Guet Wendé est assez prolixe et réactif sur les réseaux sociaux, est-ce que vous êtes parfois inquiétés pour vos opinions ?
Non, je n’ai jamais été inquiété (en tout cas pas ouvertement) pour mes opinions. Certains proches s’inquiètent par contre !
- Que pensez-vous de l’égalité homme-femme ?
L’homme et la femme sont égaux. Cela est assez clair dans mon esprit.
- Etes-vous féministe ou féodal ?
Ni l’un, ni l’autre. Mais je suis plus proche du féminisme et très loin de la féodalité. En tout cas, je milite pour l’abolition de la domination de la femme par l’homme.
- Un message à l’endroit des jeunes femmes qui hésitent et doutent encore de sortir leur potentiel ?
C’est la passivité de la femme qui la met en position de dominée. Et « l’esclave qui n’est pas capable d’assumer sa révolte ne mérite pas que l’on s’apitoie sur son sort » comme le disait Sankara. So, Wake up Lady !
Interview réalisée en ligne par Bassératou KINDO