#InstantDiasporaBurkinabé | Will Sanwidi : « J’ai déposé mes valises à Paris mais mes effets sont un peu partout en Afrique »
Wilfried Wend-Payangdé Sanwidi plus connu sous le nom – Will Sanwidi- est un jeune burkinabé passionné du digital. A Paris en France depuis quelques années, il a les yeux toujours tournés vers le Burkina Faso. Il y séjourne presque chaque trimestre et murit beaucoup de projets dans le domaine digital, culturel et médiatique. #Rencontre
- MoussoNews : Présentez-vous à nos lecteurs
Je suis Wilfried Wend-Payangdé Sanwidi, burkinabé vivant à Paris en France. J’exerce dans la communication digitale depuis 09 ans. Je travaillais pour une ONG. J’ai des projets en communication digitale et en production culturelle.
- Du Burkina, vous vous retrouvez au Mali, ensuite en France, comment ça s’est passé ?
Ce fut un parcours. Ça ne s’est pas fait directement. Ces déplacements ont été motivés par des projets. Un projet d’étude, de la famille, une histoire aussi qui me conduisait là-bas. Cela a pris du temps mais tout s’est posé à présent.
- Comment évolue votre carrière ?
Positivement. Aujourd’hui, j’aspire vers une expertise en communication digitale pour des entreprises et pour des personnalités avec une plus-value qui est le développement durable. Je considère que c’est une carrière qui monte et qui se stabilise.
- Avez-vous des projets au Burkina Faso ?
J’ai toujours eu des projets au Burkina. Je n’ai jamais arrêté d’avoir des projets au Burkina. Les gens ont pour habitude de créer une sorte de barrière invisible entre les burkinabé sur le territoire et ceux qui sont à l’extérieur comme si, nous qui sommes partis devons revenir un jour, ou ne pas revenir.
En fait, on ne part jamais de chez soi en réalité. Lorsque je partais, j’avais un projet qui s’appelait www.sortir.bf une plateforme événementielle que l’on a conduit jusqu’à terme. J’accompagne toujours des artistes et des projets culturels au Burkina. J’ai fait de la consultance pour une entreprise étatique au Burkina. J’ai même mis une agence spécialisée dans la communication digitale en place dans le pays depuis 2016 et elle fonctionne toujours. Elle fait des formations et accompagne des entreprises.
Pour l’avenir je souhaite relancer un de mes projets que j’ai commencé ici qui s’est arrêté et aussi agir de plus pour mon pays. Plus tard, j’aimerais coupler mon agence de communication à un média qui serait sous régionale et même africain. C’est l’une des raisons de mon départ au Mali. Je veux concevoir un projet qui associe le Mali, la Cote d’ivoire voire une fédération des pays. L’idée serait de relancer cette plateforme dans les jours prochains.
- Beaucoup de projets pour le Burkina, l’Afrique. Envisagez-vous revenir vous installer au Burkina Faso pour les mettre œuvre ?
Je considère que je ne suis jamais parti du pays. J’ai déposé mes valises à Paris mais mes effets sont un peu partout en Afrique. Les gens retiennent toujours qu’on est hors du pays mais ne retiennent pas qu’on est au pays chaque deux ou trois mois. Lorsqu’on fait un calcul de mes déplacements le Burkina est en tête de liste.
- Avez- vous des initiatives concernant la situation sécuritaire du pays ?
Au niveau de la communauté Burkinabé résidant en France on a des initiatives à l’effort de guerre soit financièrement, soit en travaillant dans les structures qui les portent .J’en ai croisé assez. Comme exemple l’association des Burkinabé de Lyons. Nous avons Grégoire Ouédraogo qui a son initiative qu’on soutient également. Ma contribution à l’effort de guerre est ma consultance. Aussi en 2022 je suis resté aux côtés des entreprises burkinabé qui se sont extrêmement fragilisées par la crise. On les a accompagnés. Je reviens chaque 2 mois ou 3 mois mais il y’ a des gens qui sont partir et ne veulent plus revenir à cause de la crise.
- Vous êtes un homme très engagé sur les questions des droits des femmes, on peut savoir le pourquoi ?
Je suis très engagé sur les questions du genre. Je suis un enfant élevé que par des femmes. C’est déjà une histoire qui me place dans une position très opposée au patriarcat. J’ai aussi été éduqué très tôt à la question des disparités et du droit, à la question aussi du féminisme. Pas sur son aspect politique mais sur son aspect pragmatique. Pour moi être engagé dans le genre c’est une question d’humanité. Il faut pouvoir se dire qu’il y a des injustices qui sont là. Il est nécessaire d’associer les femmes à nos projets, nos carrières, nos visions du monde, à l’éducation, sinon on va toujours fonctionner dans ce déséquilibre.
- Etes-vous féministe ?
En un mot, on pourrait dire que Willy est féministe. Mais au fond de moi je ne prends pas souvent ce titre de féministe pas parce que je ne veux pas l’être mais parce que je considère que de façon militante, si on a des hommes au-devant de cette lutte on reproduit encore des modèles masculins. Les hommes ont déjà un combat à faire : celui du patriarcat. Oui, je peux être féministe mais je considère que je suis un anti patriarcal radical.
- Si vous aviez un message à l’endroit des femmes, ça sera lequel ?
J’invite les femmes à comprendre que le combat féministe n’est pas un combat d’Occident ni un combat d’Afrique, mais plus tôt un combat de réalité. On a réussi aujourd’hui pour un pays comme le Burkina par la force du militantisme de certaines personnes à changer des paradigmes. Il y’a dix, voir quinze ans, quand on parlait d’éducation on ne pouvait pas imaginer qu’on atteindra un certain niveau d’égalité entre les filles et les hommes. Cela a été possible car les mentalités ont été changées. Je souhaite que toutes les femmes acceptent de s’engager sur la question du droit de la femme, pas pour nous mais pour nos filles.
Midour Clémentine/MoussoNews