« J’ai chanté M’ba pour demander pardon à ma mère afin qu’elle accepte que je fasse la musique », Kandy Guira

Elle est incontestablement l’une de voix burkinabè qui résonnent le plus au-delà des frontières du pays et même de l’Afrique. Au fil de sa carrière, Kandy Guira est parvenu à faire une adaptation de folklore moaga aux rythmes modernes. Cette trouvailles, appelée « Faso-électro-pop » est un mélange du Wiré, du Warba, soutenus par des instruments européens. Une manière, pour Kandy, d’internationaliser la musique du terroir.

« J’ai chanté M’ba pour demander pardon à ma mère afin qu’elle accepte que je fasse la musique », Kandy Guira 2

Chanteuse dans l’âme, ou chanteuse née, c’est selon, Kandy Guira a baigné dans la musique depuis toute petite. Les choix musicaux des parents y sont pour quelque chose quand elle nous apprend que « Maman écoutait Oumou Sangaré tous les jours ».

L’auteure du titre éponyme « M’ba » est revenu sur le marché discographique avec l’album « Nagtaaba » en 2021, soit 10 ans après sa première sortie. La native de Yamoussoukro et originaire du Pays des Hommes intègres a officié dans l’ombre, sur les mêmes scènes que les grands noms de la musique africaines tels Manu Dibango, Oumou Sangaré, Cheick Tidiane Sek et bien d’autres.

Sa première scène avec la diva de la musique malienne a été la réalisation d’un rêve inattendu. « J’étais au moins sûre qu’en tant qu’artiste, je vais serrer la main à Oumou Sangare. Puis un jour, elle m’appelle pour solliciter ma voix pour un concert », raconte Kandy toute émue.  Lors du concert, la choriste, grande admiratrice de Oumou Sangaré a failli s’emmêler les pinceaux, tellement émerveillée par la diva.

 

« Je me rappelle que j’étais derrière elle et je passais tout le temps à la dévorer des yeux. C’est ma collègue choriste qui me touchait pour me dire lorsqu’on devait reprendre le refrain », rigole-t-elle aujourd’hui. Cela lui a permis de peaufiner son art et de se remettre de plus belle sur la scène musicale. Avec son album « Nagtaaba », ce sont assez de dates et de tournées en Afrique et en Europe dans la cadre de RFI Talent.

Un talent apprécié en deçà

Malgré sa voix très sollicitée pour les chœurs de nombres artistes de renommées internationales, Kandy Guira ne jouit pas de la reconnaissance qui se doit au Burkina Faso. Elle explique cela par le fait que « les fruits du Burkina sont plus prisés ailleurs qu’au Burkina ». Ainsi, ses passages à Ouagadougou sont le plus souvent des moments de vacances et de repos. « Ma racine est au Burkina et chaque passage me permet de me ressourcer et recharger ma batterie », dit-elle avec fierté. Cette ambassadrice de la musique burkinabè travaille pourtant à faire connaitre la culture du pays moaga sous ses beaux jours en l’adaptant au temps et aux époques. Cela passe nécessairement par un allègement selon ses dires « parce qu’elle est tellement de choses, tellement de beauté » qu’elle un peu lourde.  Mais estime qu’il y a « un désamour de soi » de la part du Burkinabè vis-à-vis de sa culture. Elle invite de ce fait, les uns et les autres à s’approprier notre culture qui est notre véritable identité.

Une artiste à l’écoute du quotidien

Kandy Guira n’a pas « une » fierté, mais plusieurs, d’après elle-même. « A travers mon engagement, j’ai pu éviter l’excision à deux de mes petites sœurs. J’ai pu mettre en place une association d’aide aux personnes déficientes auditives », nous cite Kandy pour qui, il y plein de choses dont elle fière aujourd’hui. L’artiste puise son inspiration de sa famille, de son entourage. « J’ai d’abord chanté le titre M’ba pour demander pardon à ma mère et lui demander d’accepter que je fasse la musique. C’est également une promesse de toujours garder les valeurs qu’elle m’a inculquées » d’après Kandy. Ensuite, le titre « comme toi » est inspiré de l’état de santé de son petit frère qui est devenu sourd suite à la méningite. Ainsi, dans la quête de solutions, elle va chercher de l’appareillage pour ce dernier. Le surplus d’appareil demandé pour son jeune frère sera distribué à d’autres enfants dans la même situation. Et comme il faut les changer chaque année, elle met en place une association pour défendre cette cause et venir en aide aux enfants malentendants.

Son premier album n’ayant pas connu un grand succès, Kandy Guira a fait la reprise de certaines chansons pour mieux les faire connaitre dans le 2e. Elle est en tournée depuis le début du mois. Après l’Afrique de l’Ouest, l’artiste entend faire voyager la musique burkinabè dans l’Afrique centrale.

Y.Traoré/MoussoNews

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