Jeunes filles désœuvrées et déplacées internes : des tatouages éphémères pour survivre

Traçage de sourcils à l’aide du henné, jeunes filles et femmes bébés au dos sillonnent les gares de la ville de Ouaga à la recherche de leur pitance quotidienne. Proposer des dessins éphémères au henné, ces femmes espèrent s’en sortir un jour.

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Elles sont chassées. Parfois humiliées ou victime même d’abus. Ces femmes démunies ou déplacées internes sillonnent les gares de la ville de Ouagadougou pour proposer leur service de tatouage éphémère. « Je viens ici dès 6h dans l’espoir d’avoir de clients », raconte Neimatou (nom d’emprunt) mère de deux filles. La jeune dame n’a que cette activité de tatouage éphémère dans les gares de Ouagadougou pour subvenir à ses besoins.  « C’est pour avoir quelques pièces pour nourrir mes enfants que je suis ici tous les jours », murmure-t-elle.

Tout comme Neimatou, Vanessa a fait ses pas dans ce métier par déception. « Quelqu’un m’a dit qu’à Ouagadougou je pouvais me faire de l’argent. J’ai tout abandonnée au village et je suis venue avec l’idée de m’en faire beaucoup pour mieux m’occuper de mes géniteurs. Mais grande a été ma déception. Il fallait donc trouver une solution très rapidement », dit-elle.

Pour ainsi s’en sortir Vanessa qui as appris l’application du henné depuis l’enfance à décider de rentabiliser son savoir-faire. « J’appliquais le henné à mes camarades quand on était enfant alors j’ai donc décidé de le faire ici pour avoir de l’argent », confie-t-elle avec une voix chargée d’émotions.

Chaque femme a sa stratégie de persuasion et son slogan.

« Je propose aux femmes un petit dessin sur la main pour les mettre en confiance, et je suis mon propre mannequin, je leur montre également le tracé de sourcil que j’ai fait pour les amener à le faire plus facilement. Mon slogan est simple. Le tatouage sans machine, rapide et efficace. Satisfait ou satisfait » clame Vanessa.

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Contrairement à Neimatou et à Vanessa, Irma déplacée interne s’est retrouvée dans ce métier par la force des choses. Elle s’est retrouvée ici suite à une attaque de son village où elle a tout perdu. Elle arrive à Ouagadougou toute démunie avec la gare comme seule point de chute. Déboussolée et déçue de sa situation, cette jeune adolescente dans la recherche d’une porte de secours se familiarise avec un agent de la gare qui lui recommande d’apprendre l’application du henné.  C’est ainsi que nait l’idée de faire du tatouage éphémère pour Irma.

« À cause de 100f ou 200f, on nous chasse mais on a pas le choix »

L’application du henné aux sourcils coûte 100f et sur les mains, les bras et les pieds 200f. Ces femmes se font moins d’une dizaine de clientes par jour. Ce faible revenu les aides à subvenir à leurs besoins mais tout n’est pas toujours rose pour elles. Elles sont fréquemment insultées brimées et même chassées d’une gare à une autre, car le commerce à l’intérieur des gares est interdit. « Nous sommes tout le temps chassées par les responsables. Quand on nous chasse ici par exemple on se retrouve dans une autre gare pour quelques jours, le temps de se faire un peu oublier et revenir. À cause de 100f ou 200f on nous chasse comme des malpropres mais on n’a pas le choix que d’accepter », fait savoir Bibata, mère de deux enfants. « Si on avait les moyens on allait ouvrir notre propre salon de tatouage mais hélas, c’est difficile de vouloir s’occuper de la famille et avoir cette ambition avec notre faible revenu », renchérit Neimatou, les yeux pleins de larmes et la gorge enrouée.

Une prostitution déguisée 

Au-delà du tatouage, certaines femmes profitent de la situation pour s’adonner à la prostitution. Selon elles, l’argent que leur procure le tatouage est très insignifiant face à leurs besoins. Elles usent donc de leur charme pour attirer le regard et espérer avoir gain de cause. « Certains passagers souvent me proposaient des passes en échange de 2000 ou 5000, au début je refusais mais par la suite j’ai accepté pour pouvoir subvenir à mes besoins », explique Ina, une adolescente déplacée interne.

Ces femmes espèrent voir le bout du tunnel afin d’avoir le nécessaire pour subvenir à leur besoin. Elles demandent cependant à l’État et aux bonnes volontés de leurs venir en aide.

Mireille Sandrine Bado/MoussoNews

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