Khalima Gadji, actrice: “les gens n’ont pas su faire la différence entre Marème Dial et Khalima”

Khalima Gadji fait partie des visages les plus connues de la télévision sénégalaise. Certaines l’ont déjà sûrement reconnue. Elle joue le rôle de Marème Dial dans la série “Maîtresse d’un homme marié”. Si elle est actrice depuis des années, c’est ce rôle qui l’a propulsé au-devant de la scène et l’a révélé au grand public. Alors qu’elle est à Abidjan pour un meet & greet, nous en profitons pour lui poser quelques questions sur l’importance de ce rôle dans sa carrière et ses différents projets.

Qui est Khalima Gadji?

C’est une jeune femme métisse maroco-algérienne sénégalaise. J’ai grandi dans la communauté marocaine au Sénégal. J’ai fait mes études au Sénégal. Par contre, je n’ai pas fait de longues études. Je me suis arrêtée en classe de 5e parce que j’avais ce rêve de vouloir être actrice. Voilà, j’arrête en classe de 5e après avoir redoublé 2 ou 3 fois. L’école, ce n’était vraiment pas fait pour moi et je commence la vie. Je commence à travailler et je rencontre plus de monde. La rue m’apprend ce que l’école ne m’a pas appris. La rue m’apprend comment affronter les gens, comment parler, comment gagner ma vie, comment me comporter. Je suis maman célibataire aussi. J’ai une princesse de 9 ans (rires).

 Qu’est ce qui te motive?

Ce qui me motive le plus, c’est ma fille. Mais avant tout, c’est ma passion. J’ai toujours été une déterminée à réussir donc ce qui me motive, c’est le fait qu’on m’ait catégorisé d’analphabète. Je suis donc plus motivée par mon art, ma joie de vivre, ma fille, ma famille.

Comment as-tu vécu le rôle dans “Maîtresse d’un homme marié “?

“Maîtresse d’un homme marié” n’est pas mon premier projet. Ma première série, c’était “Tundu Wundu”. J’ai fait une autre série qui s’appelle “Sakho et Mangane” mais j’ai été révélée par “Maîtresse d’un homme marié”. Au début, le rôle de Marème Dial, je ne l’aimais pas vraiment. On était pas du tout d’accord parce que je la trouvais très hautaine et ce n’était pas le modèle de femme pour moi. Je voulais plus porter le rôle de Racky. Elle me ressemble un peu plus dans la vie. Mais la scénariste m’a dit: «tu ne peux pas porter le rôle de Racky sinon tu perdras ta personne, tu risques de te fondre dans le personnage de Racky et on ne pourra pas faire la différence. Tu vas jouer le rôle de Marème et là, tu verras la différence entre ton personnage et toi».

Au début, j’avais du mal parce que moi-même, je n’étais pas ouverte à parler de cette manière, à exposer mon corps mais plus je joue ce personnage, plus je ressens de l’affection pour ce personnage et je comprends Marème Dial. Orpheline de père et une mère malade, elle n’a pas grandi en Afrique donc elle n’a pas la culture. Elle fait ses études en France, elle revient, elle n’a pas reçu l’éducation religieuse. C’est Marème, une femme libre et qui assume sa vie, sa sexualité.

En tant que femme sénégalaise, africaine, est-ce que le rôle a eu un impact sur ta vie privée ?

Oui, le rôle a eu un impact sur ma vie privée parce que les gens n’ont pas su faire la différence entre Marème Dial et Khalima, entre ma personne et le personnage. Donc dans la rue, je subissais le regard des autres, leur jugement. Plusieurs fois, je me suis faite arrêter dans la rue par des femmes qui ont été frustrées. Elles m’ont demandé comment je pouvais jouer un rôle comme ça et que je ne devais pas donner l’exemple aux filles de sortir avec des hommes mariés, que c’est moi qui appelle à la débauche. J’ai vécu ça dans la rue alors que le rôle, ce n’était pas “soyez comme Marème”. Mais plutôt, ne faites pas les mêmes erreurs qu’elle ou assumer votre vie tout comme elle.

 Qu’est-ce que tu retiens de cette expérience ?

Beaucoup de choses. Ce que je retiens de cette expérience, c’est que Marème Dial m’a permise de me valoriser en tant que femme. Aujourd’hui, je n’ai pas peur d’être encore célibataire, pas mariée ou de vivre ma vie pleinement. Avant ça, j’étais Khalima, celle qui avait peur du regard des autres, des jugements surtout que je travaille, je gagne ma vie. Avant, plus j’arrivais à la trentaine plus j’avais peur parce que je n’étais pas encore marié. Mais aujourd’hui, j’ai compris que je devais juste me valoriser pour être libre.

Est-ce que tu peux nous dire ce qui nous attend pour la saison 2?

Ce qui nous attend pour la saison 2, c’est plein de rebondissements. Dans la saison 1, on a plus montré le côté problématique des femmes. Dans la saison 2, il y aura plus de bonheur, plus de joie parce que femme ne rime pas seulement avec problèmes psychologiques. Il y a des femmes joyeuses qui vivent leur vie pleinement. On va ramener ça aussi. On voulait montrer les problèmes des femmes avant de leur montrer à quel point elles pouvaient être libres et épanouies.

 En dehors de la série, quels sont tes projets ?

En dehors de la série, j’ai mon propre projet d’émission, de documentaire. Je suis aussi influenceuse. J’influence les femmes à prendre soin d’elles, de leur peau, de leur beauté. En dehors de ça, je suis le miroir de la société. J’aime que les gens me voient et qu’ils aient le même ressenti : qu’ils soient joyeux, qu’ils vivent leur vie pleinement.

Source : Ayana webzine

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