Capitaine des Étalons dames, policière, épouse et femme engagée, Charlotte Dao/Millogo est un visage emblématique du football féminin burkinabè. Défenseure centrale à l’Union des Forces Sportives des Armées (USFA), elle incarne depuis plusieurs années la rigueur, le courage et la détermination, aussi bien sur les pelouses que dans la vie professionnelle.
Tout a commencé dans les ruelles de Bobo-Dioulasso, où Charlotte Dao/Millogo faisait ses premières passes avec les garçons de son quartier.
En 2010, elle franchit une étape importante en rejoignant les Lionnes du Houet, sa première équipe féminine. Parallèlement à sa passion pour le football, elle entreprend des études universitaires en Sciences Économiques et de Gestion (SEG) jusqu’au niveau licence 2. Admise plus tard au concours de la Police, elle met un terme à son parcours universitaire pour se consacrer à sa carrière professionnelle.
Parallèlement, elle suit des études universitaires en Sciences Économiques et de Gestion (SEG) jusqu’en Licence 2, avant de réussir le concours d’entrée à la Police nationale. Elle quitte alors les amphithéâtres pour les rangs de la fonction publique.
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Capitaine et modèle de constance
Son ascension au sein de l’équipe nationale est rapide. En 2015, elle intègre les Étalons Dames. Deux ans plus tard, elle est nommée vice-capitaine, puis capitaine en 2018. « Porter le brassard est une joie, mais déjà une fierté pour moi de simplement porter le maillot du Burkina », affirme-t-elle avec émotion.
Côté clubs, son parcours est riche. De 2010 à 2016, elle évolue avec les Lionnes du Houet. De 2016 à 2018 avec les polices. De 2018 à 2021, elle porte les couleurs des Étincelles du Faso, avant de rejoindre l’USFA de 2021 à ce jour où elle tient la défense centrale. « Être défenseure centrale, c’est défendre l’équipe, empêcher les buts adverses. Il faut de la taille, de la technique et de l’intelligence de jeu », explique-t-elle.

Entre terrain, foyer et uniforme
Mariée, policière et footballeuse, Charlotte ne cache pas les défis de son quotidien. « Ce n’est pas facile de concilier les trois. Mais grâce à mon époux, mes coéquipières, mon coach et ma hiérarchie, j’arrive à tenir ». Elle précise d’ailleurs que chaque année, elle remet à sa direction son programme d’entraînement afin d’obtenir un aménagement de ses horaires.
Elle concède que la rigueur de la formation policière l’aide à rester concentrée et disciplinée sur le terrain.

« Le football féminin ne nourrit pas son homme comme celui masculin »
Charlotte Dao/Millogo, capitaine des Etalons Dames
Malgré les progrès du football féminin burkinabè, Charlotte reste réaliste. « Avant, j’avais l’ambition d’intégrer un club international. Mais depuis un an, ça a changé. Le football féminin ne nourrit pas son homme comme celui masculin. Ce que je gagne ici dans la fonction publique, les conditions à l’étranger ne permettent pas de tout quitter », souligne-t-elle.
Pour elle, la passion ne suffit pas. « Je travaille pour gagner quelque chose, pas pour reculer. Peut-être qu’un jour, si les propositions sont meilleures, je pourrai partir. Mais pour l’instant, je préfère rester ici, près de ma famille », indique-t-elle.
Et à la jeune génération, elle adresse ce message sans détour : « Soyons réaliste, sur 1000 footballeurs, seuls 30 à 40 peuvent devenir professionnels. Il ne faut pas risquer sa vie sur un rêve incertain. Formez-vous, poursuivez vos études. Si le foot ne marche pas, il faut avoir autre chose à côté ».

L’après-foot, déjà en préparation
Charlotte n’est pas de celles qui s’accrochent à une carrière jusqu’à l’usure. Titulaire d’une licence C en coaching CAF depuis 2022, elle envisage déjà sa reconversion. « On ne peut pas jouer au foot éternellement. Même si on le veut, le corps finit par faiblir », reconnaît-elle. Elle consacre quelques fois une partie de son temps à l’Association Football Club des Sig-Nonguin (AFOCSI) où elle dispense des formations et accompagne les plus jeunes.
Le coaching, le management, la transmission du savoir sont des pistes qu’elle souhaite explorer plus sérieusement dans les prochaines années.
Une capitaine respectée
Dans son entourage professionnel et sportif, Charlotte inspire. Ses coéquipières louent ses qualités humaines et professionnelles. Solange Da, collègue et défenseure centrale, ne tarit pas d’éloges. « Elle a beaucoup de qualités. Elle est déterminée, elle se bat. Je lui souhaite de rejoindre un grand club comme le REAL », a-t-elle souhaité.

Sawadogo Zoéyandé dite Diane, capitaine de l’USFA et graphiste professionnelle, la connaît depuis 2015 et déclare : « Elle est respectueuse, courtoise, rigoureuse et imperturbable moralement. Je lui souhaite le bonheur et qu’elle puisse vraiment profiter de sa carrière. Bon vent à elle ».

Omar Paré, coach de Charlotte exprime sa grande fierté envers elle. Il la décrit comme une femme remarquable, incarnant le respect, l’assurance et la confiance. Il souligne ses nombreuses qualités, notamment sa capacité à concilier plusieurs rôles : être membre des FDS, jouer au football et gérer un foyer. Il la considère comme une épouse idéale et félicite son mari pour son soutien.

Il conclut en leur souhaitant une longue vie de couple harmonieuse et beaucoup de succès dans sa carrière, la surnommant avec admiration « le Virgile vandaye » au féminin
Charlotte Dao/Millogo est de cette trempe rare de femmes qui allient passion, service public et sens des responsabilités. Elle n’a peut-être pas conquis l’Europe, mais elle a conquis le respect de tout un pays. Et cela, dans un milieu encore difficile pour les femmes est déjà une grande victoire.
Annick HIEN/MoussoNews