Ouahigouya : pour 200 FCFA perdu, sa patronne la bastonne

Le travail des enfants reste une réalité dans la province du Yatenga. La situation d’insécurité liée aux attaques terroristes a aggravé la maltraitance de plusieurs enfants qui sont parfois obligés par leurs familles pour travailler afin de réduire ou subvenir aux charges familiales. Pour venir à bout du phénomène, l’Agence Italienne de coopération et de développement- INTERSOS- à travers le projet AICS sensibilise sur les conséquences et apporte une assistance humanitaire.

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Awa, 10 ans, travaille comme fille de ménage chez une famille à Ouahigouya. En plus des travaux ménagers à domicile, elle aide sa patronne dans son activité de commerce. Elle fait ce travail pour une rémunération de 5000 F CFA par mois dont le paiement n’est pas toujours régulier. Un jour de mars 2022, raconte Tahirou Ouédraogo, déplacé du village du Thiou, Awa marchait la main sur la tête et en sanglot.  « Elle pleurait de toutes ses larmes. A cause de 200 F CFA qu’elle avait perdu. Sa patronne l’avait en effet commissionné et en cours de chemin, l’argent est tombé sans qu’elle ne s’en rende compte. Elle avait peur. Elle pleurait, elle disait que sa patronne allait la tuer si elle ne ramenait pas l’argent ou la commission », raconte le quadragénaire.

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Triste pour ce que vivait la petite fille, Tahirou qui n’avait que 100 F CFA dans sa poche a fini par la lui donner. « J’étais assis avec un autre jeune déplacé qui n’avait rien lui aussi. J’avais que 100 F CFA. J’ai fini par dire à Awa de trouver l’astuce pour se faire pardonner par sa patronne et lui remettre les 100 F CFA. La fille faisait énormément pitié », explique Tahirou Ouédraogo.

Bibata Belem a, quant à elle, envoyé son enfant de 13 ans chercher de quoi s’occuper. Arrivée à Ouahigouya en juin 2021, elle n’arrivait plus à s’occuper de tous ces enfants. L’époux étant décédé dans les attaques terroristes, elle était seule, face au destin. L’espoir de faire travailler sa fille s’est transformé en cauchemar. « Ma fille passait trois jours sans manger. Et quand on lui donnait à manger, ça ne lui suffisait pas. J’ai constaté qu’elle a commencé à maigrir. J’ai fini par comprendre ce qui s’est passait et je l’ai retiré », explique la jeune dame d’un air coupable.

INTERSOS sensibilise et accompagne

« Le travail des enfants a un impact négatif sur la croissance et l’épanouissement de l’enfant », rappelle Imram Belem, animateur à Instersos. Bastonnades, injures, abus, déscolarisations, etc., sont entre autres conséquences que subissent les victimes. Autour des dialogues communautaires ou causeries éducatives avec les parents, InterSOS rappelle régulièrement les méfaits du phénomène.   De plus en plus de parents prennent consciences et veulent mettre fin au travail des enfants.

Pour y parvenir, ils proposent de :

  • Mettre en place des centres de formation aux petits métiers pour occuper sainement les enfants
  • Scolariser les enfants qui ne le sont pas.
  • Soutenir les familles nécessiteuses avec des vivres
  • Soutenir les femmes avec les activités génératrices de revenue

Plusieurs écoles sont fermées du fait des attaques terroristes dans la région du Nord Burkinabè. L’inoccupation des enfants est une des raisons pour les parents d’accepter le travail des enfants. Ils espèrent en attendant l’ouverture de ces écoles que de bonnes volontés réfléchissent sur des opportunités d’occupations saines et utiles pour les enfants.

Bassératou KINDO

NB : Cet article a été réalisé grâce au soutien du projet “Aide d’urgence aux populations affectées par la crise humanitaire dans les zones frontalières du Mali et du Burkina Faso”, financé par l’Agence italienne pour la coopération au développement – Bureau de Dakar. 

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