Salon de coiffure : Lieu de confidences et de commérages ?

Difficile de franchir la porte d’un salon de coiffure à Ouagadougou sans être aspiré par le vacarme des discussions qui s’y tiennent. Les choses les plus sécrètes y sont dévoilées, car dit-on « les femmes sont celles qui savent tout ». Tout s’y dit, sans filtre ni tabou, faisant des salons de coiffure de véritables réservoirs de secrets et de scoops.

L’odeur du champoing, les cheveux coupés par terre, les rires, les paroles de partout, tel est l’ambiance dans le salon de coiffure de Sandrine Tiendrebéogo.

Ici, tout le monde a quelque chose à dire. « Oui, cela fait deux ans que sa femme l’a quitté », lâche une cliente en pleine conversation avec d’autres. Les salons de coiffure ne sont pas qu’un lieu de beauté : ils sont aussi des espaces où les langues se délient.

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Le salon de coiffure de Sandrine Tiendrebéogo

De nombreuses femmes y passent des heures, non seulement pour une coiffure, mais aussi pour se tenir au courant des derniers potins de la ville. Les discussions s’enchaînent et souvent, les sujets les plus personnels sont exposés. « Un regroupement de femmes entraîne forcément des commérages. La femme a une langue légère, si je peux le dire », confie Sandrine Tiendrebéogo, habituée à ces scènes qui font désormais partie du quotidien dans son salon.

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Sandrine Tiendrébéogo, coiffeuse

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Pour certaines clientes, l’ambiance conviviale est un véritable atout. Même après avoir terminé leur coiffure, elles préfèrent rester, attirées par l’animation et les échanges. « Ici, nous sommes comme une famille. Certaines exposent leurs soucis, et tout le monde donne son avis pour aider. C’est ça la solidarité féminine », lance Amira Kaboré, une autre coiffeuse.

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Amira Kaboré, coiffeuse qui se natte dans le salon de Sandrine Tiendrébéogo

Les discussions vont bon train abordant tous types de sujets parfois même les plus inattendus. « On a parlé de l’affaire Balthazar ici, on a bien ri et critiquer. Imaginez un temps soit peu un salon silencieux : les clientes vont fuir ! », ajoute Amira.

Selon elle, ce sont des moments de partage et d’entraide entre femmes. Naomi Dipama, une cliente abonde dans ce sens. « Moi je participe aux causeries quand je me rends dans un salon. On expose un problème, on donne nos avis et des conseils s’en suivent», confie-t-elle.

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Naomi Dipama, une cliente

Cependant, tout le monde ne partage pas cette vision sur les salons. Aboubacar Wandaogo par exemple, désapprouve catégoriquement cette dynamique qu’il juge nuisible notamment pour les femmes mariées. « Les salons de coiffure regorgent de briseuses de foyers. Les femmes mariées doivent arrêter de se fier aux conseils inutiles qui peuvent ruiner leur couple », avertit-il. Pour lui, partager ses problèmes dans un tel cadre relève de l’immaturité.

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Aboubacar Wandaogo: « Les salons de coiffure regorgent de briseuses de foyers. Les femmes mariées doivent arrêter de se fier aux conseils inutiles qui peuvent ruiner leur couple »

Qu’ils soient lieux de confidences, de commérages ou d’échanges sincères, les salons de coiffure reflètent plusieurs facettes pour les habitants de Ouagadougou. Au-delà des potins, ces salons restent des lieux de détente, de beauté et parfois même de thérapie collective.

Les discussions qui s’y tiennent ne sont pas toujours mal intentionnées mais elles méritent d’être abordées avec discernement. Après tout, les murs ont des oreilles et chaque confidence peut devenir le prochain grand sujet de débat.

Diane SAWADOGO (Stagiaire)/ MoussoNews

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