Sport : Awa Alphonsine Ornella Ilboudo, la ‘’juge’’ du football féminin burkinabè
A Ouagadougou entre boulot et vie de famille, Awa Alphonsine Ilboudo passionnée de football mais surtout de l’arbitrage, brille sur les pelouses tant par ses compétences que par ses résultats. La jeune femme qui relève de la Commission Régionale des Arbitres de Ouagadougou (CRA) depuis 2016, est aujourd’hui inscrite arbitre à la Fédération Internationale de Football Association (FIFA).
Veiller au bon déroulement du match, donner les pénalités, gérer les conflits et sanctionner s’il le faut, faire évacuer un joueur blessé telles sont les tâches qui incombent à Awa Alphonsine sur le terrain de jeu. Titulaire d’une licence en communication d’entreprise, Awa Alphonsine est l’une des rares femmes arbitre dans le monde du sport burkinabè qui défie les stéréotypes de genre et qui s’impose par son talent.
Avoir le contrôle du jeu et rétablir l’injustice c’est ce qui a poussé Awa à se lancer dans l’arbitrage des matchs de football. « En général je suis passionnée de football et en particulier j’aime me sentir maîtresse du jeu et surtout rétablir l’injustice qu’il peut y avoir au cours du jeu entre les joueurs de deux équipes », explique-t-elle.
A l’en croire, dans un match de football, l’arbitre se comporte comme un ‘’juge’’, c’est-à-dire qu’il rétablit l’injustice, fait appliquer les lois de jeu et manage surtout le jeu et les joueurs pour la beauté du football. Chaque match arbitré est une occasion pour la jeune femme de faire preuve de compétence, d’impartialité et de passion pour le jeu.
L’amour du football me conduit à l’arbitrage
Depuis son enfance, Awa Alphonsine a toujours été passionné de football et a voulu y faire carrière. A cause de son âge avancé, elle n’a pas pu réaliser son rêve et décide donc de se tourner vers l’arbitrage qu’elle a découvert grâce à un ancien arbitre international. Ce dernier conscient de sa compétence l’a encouragé à se former pour intégrer le corps des arbitres de la Commission Régionale des Arbitres de Ouagadougou (CRA) en 2016. « J’ai appris pour le dépôt des dossiers pour la formation et j’ai donc tenté ma chance. J’ai été donc retenue et formée. Après la formation ils ont fait une série de tests et celles qui ont validé ont été retenus comme arbitre de district. Je faisais partie de ces dernières », relate-t-elle.
L’arbitrage est subdivisé en Commission Régionale des arbitres (CRA) dans les régions et en Commission Centrale des arbitres (CCA) dans les pays et au-delà de cela, il y a les arbitres FIFA Couramment appelé les arbitres internationaux qui officient les rencontres internationales de la CAF et de la FIFA. Depuis 2016, Awa Alphonsine relève de la Commission Régionale des Arbitres de Ouagadougou, puis en 2022 elle a été inscrite arbitre FIFA.
- Le ‘’traintrain’’ quotidien d’une femme arbitre
Le quotidien d’une femme arbitre se passe entre le ménage à la maison, le boulot au service, les entraînements au stade et les matchs à domicile dans sa ville de résidence ou dans d’autres villes du pays. Pour Awa Alphonsine, chaque femme arbitre doit pouvoir manager son temps comme elle le peut pour aussi vivre de sa passion d’arbitrage.
Entre s’entraîner très tôt le matin avant le service ou encore le soir à la descente, la jeune femme trouve toujours le temps d’affiner son talent. « Je m’entraine la plupart du temps très tôt les matins avant le service ou le soir à la descente selon mon calendrier. Mes weekends quant à eux sont réservés aux différents matchs au programme », dit-elle en précisant qu’une femme arbitre ne peut pas avoir le temps comme les autres femmes qui ne font pas un métier similaire.
Les compétences féminines sous-estimées dans l’arbitrage
Être arbitre au Burkina Faso n’est pas encore le top des tops des métiers et les préjugés sur l’arbitrage féminin courent toujours. Awa Alphonsine y fait face avec beaucoup de tactique lors des matchs masculins qu’elle doit arbitrer. « L’arbitrage est connu dans nos pays comme un métier d’homme et voir une femme dans ce milieu est souvent inaccepté par bon nombre de personnes. Surtout dans les matchs masculins, les joueurs se plaignent lorsque ce sont des femmes qui officient leurs matchs, comme quoi elles gâtent leur gris-gris ou leurs wack », dit-elle.
Selon la jeune femme, lorsqu’elle applique bien la loi et donne les sanctions, elle est traitée d’insolente et est toujours rabaissée et sous-estimée par ses confrères à cause de son statut de femme. « Certains camarades arbitres hommes et même certains dirigeants nous sous-estiment malgré nos compétences, on ne nous fait pas confiance », fait-t-elle savoir.
Elle indique que la maternité est considérée par les responsables comme un frein à la bonne pratique de l’arbitrage. Aussi le manque de soutien et de suivi moral des femmes arbitres représentent une difficulté majeure à laquelle elle fait face dans ce métier.
Le métier d’arbitrage demande assez d’efforts physique, de temps, d’engagement et de disponibilité. Cependant il demeure un domaine d’avenir au pays des hommes intègres.
Mireille Sandrine Bado/MoussoNews