Bittou : l’association des veuves et des orphelins stoppe l’ampleur du paludisme et de la tuberculose

Le paludisme est la première cause de mortalité au Burkina Faso. Parmi ces milliers de morts évitables, plusieurs femmes et enfants. A Bittou, ville  frontalière avec le Ghana et le Togo, l’Association des veuves et orphelins,  est à l’avant-garde de la lutte contre cette endémie meurtrière  grâce à l’appui du fonds Voix Essentielles de Speak Up Africa.

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Bien que la mère soit le garant du bien-être de l’enfant, du ménage, de la communauté, la décision de recourir aux soins de santé ne revient au chef de ménage. Cette inégalité de genre ralentit les multiples efforts en cours pour le contrôle et l’élimination du paludisme dans la région du Centre-Est du Burkina Faso. L’Association des veuves et des orphelins résidents à Bittou (AVORB) a brisé cette barrière sociale à travers son projet de plaidoyer sur la prévention du paludisme et de la tuberculose.

Durant six mois, la présidente de l’association Maïmouna Savadogo et ses animatrices ont conduit des sessions  d’information à l’endroit des femmes sur les modes de prévention du paludisme et sur l’importance de leur prise de décision à recourir aux soins de santé. Les chefs de ménages  sont également sensibilisés lors de ces causeries communautaires.

 « On leur (les hommes, ndlr) fait savoir que si la femme connait les méthodes de prévention de la maladie, ils dépenseront moins  d’argent au niveau des centres de santé. La mère saura mieux prévenir sa santé ainsi que celle des enfants. Et le fait qu’elle puisse se rendre au centre de santé  dès les premiers symptômes sans attendre une décision permet d’éviter les complications » explique Maïmouna Savadogo.

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 Maïmouna Savadogo, la présidente d’AVORB

La prise de décision n’est pas le seul problème auquel font face les femmes à Bittou. De nombreuses femmes n’avaient  pas accès à l’information sur la prévention du paludisme.

Craignant une supposée perte de contrôle sur leurs femmes « ce sont surtout les hommes qui participaient aux séances de sensibilisation  et disaient aux femmes d’aller aux champs. Ils ne faisaient pas non plus  de compte rendu à leurs épouses» confie la présidente de l’AVORB.

 « Aujourd’hui des femmes décident »

Ces réalités sociales tendent à disparaitre  à Bittou et Bané, les deux localités d’intervention du projet. Pour atteindre ces résultats, AVORB a impliqué les autorités locales. Ces personnes ressources  très respectées ont emmené les hommes à comprendre le bien-fondé d’une liberté d’agir de la femme sur sa santé et celle de la famille.

 « Maintenant si moi je suis malade ou mon enfant, je n’ai pas besoin de l’autorisation de monsieur (NDRL mari) pour me rendre au centre de santé. Même s’il refuse, le peu d’argent que j’ai peut m’aider à payer les soins»  témoigne une participante assidue aux activités d’AVORB. « Aujourd’hui des femmes parlent et prennent des décisions. Avant, elles se taisaient et acceptaient tout. Ce n’est plus le cas. C’est ce résultat qu’on voulait atteindre» se réjouit la présidente de l’association.

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Une séance de sensibilisation des femmes sur la prise de décision dans la prévention du paludisme

Pas que le paludisme…

L’association de 124 membres est également une référence dans la prévention et le contrôle du VIH Sida et de la tuberculose. Depuis 03 ans, avec l’appui du Fonds mondial, AVORB assure le suivi communautaire des femmes séropositives et tuberculeuses pour le respect des rendez-vous médicaux et la prise régulière des médicaments.

En termes de sensibilisation, un message porté par des membres de la communauté est plus accepté et appliqué. Ainsi, l’association a des relais au sein des travailleuses du sexe. Bittou est l’une des localités ayant les taux de tuberculose et de VIH SIDA élevés au Burkina Faso.  Cela s’explique par les multiples transits d’éleveurs, de commerçants et de nombreux autres voyageurs en partance ou en provenance du Ghana et du Togo.

AVORB veut mieux faire…

L’analphabétisme a un impact sur la préservation de la santé  des femmes et de leurs enfants. Ne sachant ni lire ni écrire, elles ont du mal à respecter les prescriptions des agents de santé.  Le vœu pieux de Maïmouna Savadogo est d’ouvrir un centre d’alphabétisation des femmes dans la localité.

Harouna Drabo

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