Burkina : Larba Alimata Sawadogo, l’entrepreneure à tout manier

Sur une surface d’un hectare dans un village de la commune de Saponé, Larba Alimata Sawadogo, cultive et élève des volailles. Une passionnée de l’agriculture et l’élevage malgré un handicap qui ne constitue d’aucun frein. Également restauratrice et coiffeuse, la jeune dame nourrit beaucoup d’ambition entrepreneuriale. Rencontre

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Larba Alimata Sawadogo a fait de l’élevage de volailles sa principale source de revenue. Dans une partie de son domicile se trouve sa ferme. Titulaire d’un Baccalauréat en secrétariat et d’un DTS en Transport et Logistique, cette dame n’arrivait pas à trouver un travail rémunérateur après ses études. Plusieurs demandes d’emploi déposées dans les entreprises, une attente longue, Larba décide de se lancer dans l’entreprenariat en attendant de trouver du boulot.

Coiffeuse, restauratrice durant ses moments de quête d’emploi, c’est récemment en 2020 qu’elle décide de se lancer dans le domaine de l’élevage, chose qu’elle pratiquait pendant ses vacances depuis l’an 2000. Elle se perfectionne dans ce domaine par une formation professionnelle afin de mieux s’insérer dans le milieu.

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Une formation fructueuse

A l’issus de sa formation en élevage de volaille, Larba Alimata a été lauréate d’un projet initié par la Banque mondiale à travers le ministère du Commence notamment la maison de l’entreprise. Elle a par la suite bénéficié d’une subvention de la somme de 2 550 000 FCFA mise à sa disposition par les initiateurs du projet.

Avec cet argent, elle a pu mettre en place sa ferme. Elle se situe spécialement dans l’élevage de la ‘’locale améliorée’’. Selon l’éleveuse, la ”locale” améliorée est une espèce de volaille. C’est un métissage de poulets locaux aux autres poulets. « Cette espèce est très résistante. Elle produit de la bonne chaire, et surtout plus tendre que nos poulets d’ici » dit-elle.

Selon elle cette activité est très rémunératrice. Ces derniers temps elle s’adonne aussi à l’élevage de bétail.

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Larba Alimata Sawadogo, une à tout faire

En plus de l’élevage, elle continue dans la restauration. Elle est demandée à offrir ses services pendant divers évènements festifs. Elle cuisine et livre beaucoup de mets locaux notamment, le babenda, le placali, les mini pizza, les nems, etc. 

Larba n’a pas stoppé totalement son métier de coiffeuse. Mais sa passion pour l’élevage a pris le dessus. Le plus souvent et surtout pendant les fêtes, elle coiffe ses amies et ses proches « Si Dieu te prive de quelque chose, il compense en te dotant de certains talents. C’est Dieu donné. je n’ai pas eu la chance d’être dans un bureau mais aujourd’hui j’ai plusieurs bureaux » dit -elle avec un sourire fier.

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Le champ de Larba.

De plus, Larba possède depuis plus d’ un an, un hectare de terrain situé à plus ou moins 8 kilomètres de sa résidence, elle s’adonne sur ce grand espace à l’agriculture. Elle y cultive du gombo, de l’oseilles, des arachides, du maïs, et du haricot.  

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Difficultés liées à son activité d’élevage

Larba Alimata Sawadogo rencontre beaucoup d’obstacles au niveau de l’élevage. Le problème d’eau est son premier souci. Il faut beaucoup d’eau pour abreuver ses volailles et pour nettoyer leurs abreuvoirs. Aussi avec le bétail, le besoin en eau s’est amplifier. Au début elle demandait les services d’une dame qui vend de l’eau. La dame lui envoie de l’eau à son domicile et Larba lui paye à chaque fin du mois. Par mois elle dépense 8000 FFCA à raison de 50 FCFA le prix d’un bidon de 20 litres.

Mais depuis trois mois, Larba ne paye plus les services de cette vendeuse d’eau. Elle a recueilli chez elle, la fille de son grand frère. Âgée de 17 dans, sa nièce l’aide à faire certains de ces travaux notamment, à aller chercher l’eau.

Outre le souci d’eau, Larba a un problème avec les reptiles qui perturbent souvent ses volailles. Grace à quelques produits, elle arrive souvent à maitriser la situation.

De plus, la cherté du prix de transport constitue un obstacle pour l’éleveuse. Le ravitaillement en poussins se fait dans d’autres villes.

L’écoulement de ses volailles est un frein à son business. Le marché devient de plus en plus saturé et la cherté de la vie se pose.

Le handicap de Larba Alimata Sawadogo

Alimata a un handicap au niveau de sa jambe droite. Elle n’est pourtant pas née ainsi. Cette situation est survenue après un vaccin qui a mal tourné. « Vous voyez les piqures que les médecins font sur les fesses ? Eh bien c’est ça qui a causé mon handicap à la jambe. Je n’y peux rien je vis avec » a- telle expliqué.

Malgré sa situation d’handicap, Larba est toujours en activité. Elle est toute seule à être au four et au moulin à la fois.

Saponé, le choix de résidence

Pour elle, il est difficile de faire l’élevage à Ouagadougou, elle décide de s’installer à saponé. Dans son domicile, elle a fait construire deux bâtiments consacrés à son élevage. Dans sa maison elle y loge un homme PDI et ses deux femmes.  L’hôte devenu un membre de la famille, l’aide dans ses différentes activités. Il compte retourner dans sa zone lorsque la situation du pays sera plus stable. Aujourd’hui, cela fait 3 années que Larba vit à Saponé.

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Quotidien de Larba Sawadogo

Tous les jours, Alimata se réveille à 4h30 pour faire le ménage et vaquer à ses différentes activités.

Sa cafeteria ,située à 15minute à moto de sa maison, Larba s’y rend aux environs de 5h 40 du matin avant de revenir s’occuper de sa ferme aux environs de 11H. Dès 15 heures du soir elle refait un crochet à la cafeteria et ferme pratiquement à 18h. ses travaux champêtre son pendant la saison agricole. Larba ne se repose que les samedis.

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Larba dans son champ.

Projets de Larba Alimata Sawadogo

 Augmenter son élevage et l’installation d’un forage sont les projets proches de cette entrepreneure.  « Mon plus grand souhait c’est d’avoir le forage, dès que c’est fait, je pourrai tout faire. Actuellement je suis bloquée par manque de moyen. Le forage coute très cher » dit- elle avec un air triste et le visage plein d’espoir.

Après la réalisation du forage elle prévoit pratiquer la culture des contre saisons telles que du piment, des tomates… « Au moment où tout est finit, tout est disponible chez moi. Les revendeuses pourront faire leur achat avec moi et aller les revendre au marché » a t-elle dit.

Aussi son rêve est d’avoir un grand restaurant à Saponé. A travers son restaurant, elle va aussi initier des formations au profit de toutes les personnes qui aimeraient apprendre l’élevage et la cuisine. « Il n’y a pas de grand restaurant à Saponé ici où on trouve tous types de menus. Quand tu veux manger du placali tu ne vas pas en trouver. Donc dans mon restaurant je vais faire toutes sortes de plats » indique-t-elle.

Aux personnes qui vivent avec un quelconque handicap, Larba les encourage à ne pas perdre espoir et à apprendre à vivre avec leur situation car dit-elle, « c’est déjà arrivé, ce n’est pas quelque chose que nous pouvons enlever et jeter il faut donc faire avec. Rien n’est facile dans cette vie, il faut se battre pour s’en sortir et ne pas rester à quémander en permanence » a recommandé l’entrepreneure.

Annick HIEN/MoussoNews

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