Chronique : les – hummm- de Mariam Vanessa Touré sur ”comment se reconstruire en triomphant de la maladie ?”
Une amie victime d’un AVC m’a écrit ceci, il y a quelques jours: “Grande sœur c’est dur pour moi. Quand je pense à ce que j’étais avant et à ce que je suis devenue, je ne fais que pleurer…”.
Je lui ai immédiatement répondu en ces termes : ” Hummm… petite sœur depuis que tu pleures est-ce que ta situation a changé ? Non! Alors pourquoi continuer de pleurer ? Tu ne penses pas que tu devrais utiliser cette énergie pour essayer d’aller mieux et continuer de vivre ? Ou bien tu aurais préféré mourir ?”.
Certains trouveront que j’ai été dure dans mes propos. Pas du tout ! J’ai juste voulu produire un électrochoc en elle afin de l’amener à comprendre que s’apitoyer sur son sort ne lui apportera qu’amertume et désolation. Les spécialistes de la santé sont formels: “Un malade, qui se laisse gagner par le découragement et la déception, alourdit sa souffrance et inhibe ses chances de guérison”.
L’écrit de mon amie est tout le contraire de ce qu’il faut pour sa guérison. Car c’est déjà être malade que de se croire malade. Et c’est mourir à petit feu que de le ressasser en larmes. La maladie, et plus précisément le handicap, font partie du quotidien de l’être humain. Alors parfois, on en rit; souvent, on en pleure. C’est la vie humaine qui en est ainsi.
Et à ma copine d’ajouter que je suis forte et brave au point que d’autres malades devraient s’inspirer de mon exemple.
Exemplaire ou inspirante, hummm, je ne sais pas. Plus forte, mentalement et psychologiquement, que les autres, peut-être.
Je n’ai pas eu d’autre choix que d’accepter cette épreuve que la vie m’a imposée. Avant d’être parvenue à transcender ce coup de massue, il m’est aussi arrivé de pleurer, à chaudes larmes parfois.
Mais très vite, je me ressaisis, je me lave le visage, je me regarde dans le miroir pour finalement me moquer de moi-même et rire à gorge déployée pour encore donner un sens à ma vie, à la joie de vivre et à la chance que l’Éternel m’accorde de toujours avoir le souffle de tenir debout. Parce qu’au final, je me rends bien compte que les pleurs n’ont rien changé à ma situation. Bien au contraire, c’est une autre torture que je m’impose en plus de la souffrance due à la maladie. D’autant que les pleurs m’ont laissé des yeux boursouflés, devenus encore plus petits qu’ils ne le sont d’habitude.
Oui on peut pleurer son sort, un tant soit peu. C’est aussi naturel qu’humain. Toutefois, il faut éviter de pleurnicher tout le temps au point d’être un pleurnichard.
La prise de conscience de sa nouvelle condition et l’acceptation de son nouveau corps sont les préalables d’un mieux-être qui édifient le chemin vers une guérison. Pour y parvenir, il est évident qu’il faut faire un travail sur soi. Ailleurs, et plus précisément en Europe, on accompagne les malades sur le plan psychologique.
Autant le malade doit faire l’effort d’accepter sa situation comme tel, autant son entourage doit éviter de porter sur lui un regard empreint de pitié ou dédain. Il faut faire montre d’empathie en lieu et place de cette compassion, humainement compréhensible mais déstabilisant pour le malade.
Hummm… Le regard des autres est aussi un facteur à prendre en considération. Cela peut aller jusqu’à des cas de moqueries. Le plus important est de rester zen et décomplexé. Aucun malade ne doit se laisser abattre au point de permettre au regard extérieur saper son moral. Ne nous laissons pas définir par le regard des autres… en bien ou en mal.
Au corps invalide, il faut s’armer de courage pour opposer un moral et un mental forts et vivaces. Ne dit-on pas que la santé n’est pas seulement l’absence de maladie ou d’infirmité? C’est aussi une joie intérieure que nous devrions ressentir tout le temps, le pouvoir de maintenir constamment un état de bien-être positif.
Alors Aimes-toi toi-même, aimes toi quand tu es au bout du rouleau, quand tout va mal. Aime la vie tout simplement. Car tu as la chance d’être encore en vie.
Ce que d’autres malades, et même d’autres personnes bien portantes, n’ont pas eu.
Et puis nous sommes tous mortels, malades ou pas. Profite, profite de la vie. Sourire à sa maladie, c’est lui laisser le temps de disparaître.
Mariam Vanessa Touré