Delphine Sangaré : la mécanicienne d’engins lourds de mine qui a appris sur le tas

Delphine Sangaré est la première mécanicienne dans le garage de la mine d’or Essakane. Née d’un père mécanicien, Delphine s’est lancée le défi de devenir garagiste comme son géniteur. Aujourd’hui mécanicienne de garage, son rêve est de construire un garage avec que des employés femmes.

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Delphine âgée de plus 35 ans travaille à la mine d’or Essakane. Mécanicienne elle ne répare que les engins lourds. Le jeune dame est par ailleurs la toute première femme à intégrer l’équipe du garage de cette mine.

Vêtue d’un tee short vert, d’un pantalon qu’on arrive à peine à reconnaître la couleur du fait des taches laissées par l’huile des moteurs, des chaussures et un casque de sécurité, Delphine, joviale se plaît bien aux côtés des machines. Ses tâches: assurer la maintenance, la répartition et le diagnostic des grands engins.

L’apprentissage sur le tas

Delphine n’a pas fais d’étude en mécanique. Son parcours scolaire se limite en classe de 3ème. De secrétaire de Direction pendant plusieurs années, elle est aujourd’hui une référence dans le domaine de la mécanique. Sans diplôme, elle apprend sur le tas auprès de son père avant de poursuivre avec des renforcements de capacités théoriques et pratiques dans plusieurs garages de la capitale Burkinabè. Elle intègre l’équipe d’Essakane en 2013.

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Un nombre incalculable de jeunes a été formé par cette mécanicienne à la mine. Des étudiants, des élèves, tous ceux qui ont postulé pour un stage pour la mécanique à Essakane ont bénéficié de ses compétences.

Aider les jeunes à trouver des stages dans des mines était sa force et sa motivation. Elle confie qu’elle recommandait des jeunes talentueux surtout les filles à des sociétés pour des stages. A un moment donné, elle a dû faire entorse sur ses principes d’aider. « Je cherchais des stages pour des filles mais cela n’a pas toujours été facile. Il y a certaines, qui se plaignent de la distance ou sur le fait qu’elles n’ont pas de moyen de déplacement. Quant à d’autres, lorsque je contacte un garage pour qu’on puisse les prendre, elles changent de volonté et n’honore pas le rendez-vous pour débuter le stage. Je perds la crédibilité envers ces chefs mécanique.  Je suis maintenant réticente pour recommander des filles à des sociétés pour des stages ». explique-t-elle.

A ses débuts au sein de la société minière, Delphine Sangaré s’occupait uniquement de l’entretien des véhicules légers. Avec sa perfection à bien manier les engins, elle renforce sa formation pour les poids lourds. Elle contrôle, démonte, et règle tous les systèmes défaillant de tous types de véhicules et de machines. Avant toute réparation d’engin en panne, un diagnostic est fait. « Dans notre domaine, c’est primordial de faire un diagnostic avant toute réparation ou de donner la panne », souligne telle.

Par exemple, comment-t-il, “Lorsque l’engin doit sortir du garage après réparation, je contrôle minutieusement tous les éléments de l’automobile : le moteur, la boite de vitesse, les essieux, la direction, la suspension, l’embrayage…

Le quotidien de Delphine à Essakane

Le quotidien de Delphine à Essakane est assez chargée. Logeant au sein de la société, elle se lèvre tous les jours à 4 heures du matin pour s’apprêter pour le boulot qui commence à 6 heures du matin.

Des bus sont mis à la disposition des employés de cette société pour les conduire sur la mine. Par moment ils décident tous de se rendre au travail soit à vélo, soit en marchant. Une fois à son lieu de travail, elle veille à ce qu’aucun véhicule de la société ne soit dysfonctionnel. La mécanicienne fait une inspection des équipements, des machines. A l’issus du contrôle qu’elle effectue, elle remplace les pièces qui sont défectueuses.

Très occupée par son travail, Delphine Sangaré accorde toutefois du temps à ses enfants et à sa famille. Pour elle, l’éducation de ses enfants passe avant tout. ”Être mécanicienne ne constitue pas un déséquilibre entre ses responsabilités liées à sa vie familiale”, dit-elle.

L’association de Delphine Sangaré

Delphine œuvre beaucoup pour transmettre son savoir aux jeunes filles. Pour se faire, elle a mis en place une association dédiée uniquement aux femmes mécaniciennes du Burkina Faso. Elle est la première à avoir fait cette initiative.

L’association existe depuis plusieurs années à travers laquelle, la machiniste forme, aide, et assiste les apprenantes. Par manque d’activités courantes, Delphine a suspendu son association pour une relance dans les prochaines années. L’objectif de son association est de partager les connaissances avec les débutantes du métier et non de les trouver immédiatement un emploi. « Les filles croient qu’en adhérant, elles vont avoir un travail automatique mais elles se trompent. Ce n’est pas le cas car c’est un appui que j’apporte à leur connaissance » dit-elle.          

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Créer son propre garage ou un très grand atelier est son ambition et son rêve. Très passionnée de la mécanique, elle veut partager ses expériences uniquement aux femmes et jeunes filles. De son projet de garage, la machiniste compte former et aider les jeunes filles à avoir des compétences afin de les vendre sur le terrain, surtout du celui du secteur minier. « En mécanique, On ne fait pas confiance aux femmes. Il ne suffit pas d’avoir des diplômes, il faut surtout avoir beaucoup d’expériences dans la pratique. Avec mon garage, nous allons former les filles elles pourront faires tout en mécanique comme les hommes », dit – elle. En Novembre 2023, Delphine Sangaré va lancer un projet basé sur le genre.

L’entreprenariat, une autre casquette de Delphine Sangaré

En plus de la mécanique, elle entreprend dans la commercialisation du vin. Delphine, possède une cave où elle vend une variété de boissons dénommée « VIN ».

Au jeunes filles, Delphine Sangaré les encourage à ne jamais abandonner leur rêve. Pour celles qui désirent faire carrière dans la mécanique, elle les conseille à aller dans des garages pour se faire former convenablement dans la pratique. « Ne pensez pas que quand on quitte l’école directement, on peut être embauché. Il faut faire le terrain, la pratique pour maîtriser les choses avant d’avoir du boulot. Dans l’immédiat, c’est un peu compliqué. Il faut donc se former de garage en garage ou dans un seul garage pour se perfectionner encore plus » a-t-elle recommandé.

Annick HIEN/MoussoNews

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