« Il y’aurait moins de décès infantiles si les parents avaient une bonne éducation à la santé », Dr Eliane Kiema

Dr Eliane Kiema est la promotrice du centre de Pédiatrie sociale et préventive Kid’s Health. Pédiatre, elle est engagée pour la promotion d’une santé de qualité des enfants et adolescentes. Elle et son équipe organise chaque mois un atelier sur des sujets liés à la puberté et des causeries sur la parentalité. Interview

• Qui est Dr Eliane KIEMA

Dr Eliane KIEMA, 31 ans est Médecin Pédiatre et mère de 2 enfants. Après avoir terminé mes études médicales j’ai également suivi un programme de Master en Protection et Droits de l’Enfant. Riche de cette approche holistique que j’ai dans le domaine de l’enfance et guidée par ma grande passion pour les enfants, je suis aujourd’hui la Promotrice du Centre de Pédiatrie Sociale   et préventive KIDS’HEALTH.

• Pourquoi avez – vous choisit de vous spécialiser en Pédiatrie ?

Chaque enfant en bonne santé est une pierre angulaire pour bâtir une société saine. C’est cette conviction profonde qui a guidé ma décision de me spécialiser en pédiatrie. La possibilité d’interagir avec des jeunes esprits en croissance, d’accompagner les parents dans ce long voyage qu’est la parentalité sont pour moi une occasion unique d’influencer positivement le développement physique, émotionnel et social de chaque enfant façonnant ainsi des individus capables de contribuer de manière significative à une société florissante.

• Quels sont les défis qui se présentent en Pédiatrie notamment au Burkina Faso ?

Au Burkina Faso, les taux élevés de maladies infectieuses telles que le paludisme sont des défis constants pour la santé des enfants. De plus, la malnutrition infantile demeure une préoccupation majeure aggravée malheureusement par la crise sécuritaire. Tout cela évolue sur un fond d’insuffisance de plateau technique et aussi de personnel qualifié pour assurer des soins pédiatriques de qualité. Pour rappel le Burkina Faso ne compte à ce jour qu’environs 150 pédiatres alors que plus de 45% de sa population a moins de 15 ans.

• Qu’est qui a motivé la création de KIDS’HEALTH ?

Au terme de ma spécialisation pédiatrique, j’ai réalisé que de nombreux décès infantiles seraient évitables si les parents avaient une bonne éducation à la santé. L’insuffisance d’informations des parents sur les bonnes pratiques en santé expose les enfants à des risques. Le constat de ces lacunes a été un catalyseur majeur pour la création de Kids’Health.  Au sein de notre association, nous croyons fermement que l’information est la clé de la prévention.

C’est pourquoi nous mettons l’information et la connaissance au cœur de toutes nos activités. Nous organisons régulièrement des ateliers à l’endroit des parents et aussi des adolescents. A ce jour, nous avons plusieurs programmes tels que Puberté Sans Tabou, Maman une première fois, des ateliers de Prévention des accidents domestiques chez l’enfant.

• Pourquoi le programme « Puberté Sans Tabou » ?

La puberté est une période de transition entre l’enfance et l’âge adulte. C’est une période de grand bouleversement tant sur le plan physique que sur le plan émotionnel et mental. Malheureusement dans notre contexte, il y’a un vide informatif autour de ce sujet qui est perçu comme un tabou.

Le programme « Puberté Sans Tabou » entre dans la continuité de la vision de KIDS’HEALTH qui est de prévenir par l’information. Il réunit chaque mois des parents et leurs enfants autour des questions en lien avec la puberté. Nous sommes convaincus que si les enfants sont informés des changements induits par la puberté, ils seront en mesure de mieux les vivre ; ce qui permettrait de diminuer considérablement les comportements à risques.

• Cette période dans la vie d’un enfant est cruciale, quelles sont les histoires inspirantes que vous rencontrez ?

C’est une période pendant laquelle l’enfant est soumis à une déferle hormonale. Le corps change, on aspire à plus d’indépendance vis-à-vis des parents et de nouveaux sentiments tels que l’amour et l’attirance pour le sexe opposé naissent. De ce fait c’est une période assez troublante pour les enfants eux même et aussi pour les parents. Il arrive des fois que certains parents perdent tout contrôle sur leurs enfants. Pendant la crise d’adolescence, certains adolescents dans la quête de leur identité rencontrent malheureusement la route des substances psychoactives telles que la drogue et l’alcool, ce qui est une porte d’entrée dans la délinquance juvénile. C’est pourquoi il est important que cette période soit bien encadrée.

• Quel est le contenu de vos ateliers Parent-enfant d’éducation à la puberté ?

Nos ateliers d’éducation à la puberté réunissent dans un cadre convivial les enfants d’âge compris entre 12 ans et 17 ans (filles comme garçons) accompagnés de leurs parents. L’atelier se veut pratique et participatif. En utilisant un vocabulaire poétique adapté aux enfants, nos spécialistes de l’enfance aident de façon ludique les enfants à comprendre leur corps, les changements qui vont survenir pendant la puberté et la manière dont ils peuvent les vivre sainement.

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L’atelier des filles par exemple se passe autour d’un tapis représentant un utérus géant. Un accent particulier est mis sur la compréhension des menstrues, l’hygiène menstruelle, la psychologie du cycle menstruelle, la crise d’adolescence et l’éviction des comportements à risque.

• Quelles sont vos perspectives ?

Nous avons pour ambition de nouer des partenariats qui nous permettraient de rendre le Programme Puberté Sans Tabou accessible à tous adolescents et adolescentes sans distinction. Nous envisageons également de pouvoir mettre en place l’Académie des adolescents qui offrirait aux adolescents des réponses aux questions qu’ils se posent et qui les aiderait à surmonter les différents défis en lien avec la crise d’adolescence.

Interview réalisée par Bassératou KINDO/MoussoNews