#InstantDiasporaBurkinabè |Aziz Son, le Burkinabè qui travaille au Centre de l’International Bureau of Fiscal Documentation aux Pays-Bas

Abdoul Aziz Kitou Son ou Aziz Son simplement vit à Amsterdam aux Pays-Bas depuis trois ans. « Senior Associate » à l’Africa and Middle East Knowledge Centre de l’International Bureau of Fiscal Documentation (IBFD), il est expert en fiscalité. Les expériences professionnelles qu’il dit avoir vécue au pays ne l’encourage pas à revenir s’y installé. Il compte néanmoins apporter son expertise au pays surtout en ce qui concerne la fiscalité internationale qui est en constante évolution et adaptation aux défis de la numérisation de l’économie.

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  • Présentez-vous à nos lecteurs.

Je suis Abdoul Aziz Kitou Son, mais appelez-moi Aziz Son c’est plus simple. Je suis juriste de formation, titulaire d’un Master en Droit des affaires et fiscalité de l’Université Catholique de l’Afrique de l’Ouest (UCAO). Présentement j’occupe le poste de « Senior Associate » à l’Africa and Middle East Knowledge Centre de l’International Bureau of Fiscal Documentation (IBFD) basé à Amsterdam au Pays-Bas.

  • Depuis quand êtes-vous au Pays-Bas ?

En juin cela fera 3 ans et demi que je suis à Amsterdam.

  • Qu’est-ce qui vous amené dans ce pays ?

Je me suis expatrié pour des raisons professionnelles. Le contrat de travail qui m’a été proposé impliquait ma relocalisation aux Pays-Bas.

  • Au Burkina, Aziz était en poste au Cabinet Pierre Abadie. Vous étiez également co-formateur sur des thématique liée à la fiscalité et assistant du cours dans les grandes écoles supérieures ?  N’étaient-t ’ils de belles opportunités pour vous ?

En effet j’ai eu l’opportunité de collaborer sur de nombreux projets aux Cabinet Pierre Abadie notamment sur les ouvrages fiscaux, les formations sur des thématiques fiscales ainsi que les interventions dans les universités et grandes écoles du pays. J’ai pu également participer à de nombreuses missions des « Big Four » (EY, Deloitte, KPMG et PwC) au Burkina Faso. Ce fut une belle expérience qui a malheureusement dû s’arrêter après 6 ans pour certaines divergences entre ma vision et la politique de l’entreprise.

  • Représentant le Burkina Faso et l’Afrique Sub Saharienne francophone à l’International Bureau of Fiscal Documentation (IBFD) en tant que ‘’ Senior Associate ’’ et ‘’ CSAT researcher’’, comment cette opportunité s’est présentée à vous ?

A la fin de ma collaboration avec le Cabinet Pierre Abadie, j’ai décidé de ma lancer en entreprenariat en tant consultant fiscal indépendant. C’était assez difficile au début de se constituer un portefeuille clients. J’ai dû frapper à plusieurs portes dont celle de l’IBFD qui cherchait un correspondent et auteur pour le Burkina Faso. J’ai donc débuté en tant que correspondent pour le Burkina Faso en mi 2018. Ensuite j’ai été amené à couvrir de plus en plus de pays comme le Benin, le Cameroun, les Comores, la Cote d’Ivoire, le Gabon, la Guinée, le Mali, le Niger, le Togo, la République Centrafricaine, le Sénégal… ce qui a conduit à étendre mon contrat à celui de Freelancer permanent pendant un an. En Septembre 2019 j’ai été sollicité pour un contrat de travail à temps plein en tant que « Associate Editor Subsaharan Africa ». Après le processus de recrutement j’ai été retenu et j’ai rejoint IBFD en janvier 2020.

  • Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans cette aventure ?

Ce qui a été le plus marquant est la différence radicale de système de management des employés dans cette entreprise. La facilité avec laquelle on responsabilise chaque collaborateur, on donne la chance à chacun de s’exprimer, d’évoluer. L’accent est mis sur le bien-être, l’apprentissage et le développement de la carrière. La preuve venant d’un pays francophone et travaillant exclusivement en Anglais, je suis malgré tout passé de Associate à Senior Associate en l’espace de 3 ans.

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  • « On peut travailler comme expatrié dans une institution internationale sans avoir étudié en Europe, ni avoir de bras long », sont vos propos publiés sur Facebook. Quel est le message qui vous aviez voulu véhiculer ?

Le but était de transmettre un message d’espoir. Rien n’est impossible quand on le veut vraiment. Il faut accepter de sortir de sa zone de confort et travailler à être le meilleur dans son domaine. Il y a 10 ans moi-même j’aurait pas cru cela possible.

  • Comment se passe votre intégration aux Pays-Bas ?

Elle se passe plutôt bien, j’essaie d’apprendre le néerlandais (la langue officielle du pays) ainsi que la culture locale qui est très différente de celle de mon pays. J’apprends beaucoup de mes interactions avec les nationaux et mes collègues également m’aident beaucoup dans ce processus.

  • Quels sont vos challenges au quotidien ?

Amsterdam est une ville très internationale, il y a énormément d’expatriés qui y vivent ce qui en fait une ville cosmopolite où les gens sont assez ouverts d’esprit. Mais il y a toujours des personnes mal intentionnées qui font des remarques désobligeantes basées sur mes origines. En général je ne le prends pas de façon personnelle et j’ai toujours en réserve quelques répliques incisives pour parfaire leur éducation et soigner leur manque d’intelligence.

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  • Etes-vous en contact avec d’autres burkinabè ? Est-ce qu’ils ont nombreux dans ce pays ?

Pas vraiment, je connais quelques burkinabè avec qui je suis ami et je participe autant que faire se peut à tous les évènements organisés par les burkinabè auxquels je suis convié. La communauté burkinabè aux Pays-Bas est très restreinte mais force est de constater qu’elle n’est pas très soudée.

  • Quel est votre rêve pour le Burkina ?

Dans le contexte actuel on ne peut que souhaiter la paix pour notre pays. Quand on a la paix tout le reste devient possible.

  • Quand comptiez-vous revenir au pays ?

La question serait plutôt de savoir si je compte revenir. En effet, après avoir été indépendant au pays pendant 1 an et demi j’ai connu d’énormes difficultés et de bâtons dans les roues de la part des mes propres frère Burkinabè. Il faut dire que 99% de mes clients étaient des entreprises de non-nationaux et ce grâce à une amie expatriée (que je salue au passage) qui m’a mis en contact avec son réseau. Tout ceci n’est pas de nature à m’encourager à revenir. Pour l’instant je me focalise sur l’acquisition du maximum d’expérience et pour la suite on verra.

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  • Avez-vous néanmoins des projets pour le pays ? Lesquels ?

Oui bien sûr. J’aimerai apporter mon expertise à mon pays surtout en ce qui concerne la fiscalité internationale qui est en constante évolution et adaptation aux défis de la numérisation de l’économie. J’ai déjà entrepris quelques démarches auprès des autorités fiscales afin de voir dans quelle mesure nous pourront mettre cela en pratique.

  • Quel est votre message à l’endroit de ceux qui ne rêvent que l’Europe croyant que l’avenir c’est l’occident ?

L’Avenir c’est partout où on peut développer son potentiel et atteindre ses objectifs et ce n’est pas forcément en Occident. Tout le monde se relocalise que ce soit les occidentaux, les américains, les asiatiques… Immigrer n’est pas forcément mauvais il faut juste le faire pour de bonnes raisons et de la bonne manière. Je comprends que ces plus difficiles pour les africains (ce qui n’est pas juste) mais cela ne vaut pas la peine de risquer sa vie pour un hypothétique eldorado en Occident. Immigrer en Europe sans papier c’est l’enfer, c’est venir se livrer à une exploitation extrême pour des salaire de misère qui ne pourront satisfaire vos besoins encore moins ceux des familles restées aux pays qui compte sur vous. Très peu réussissent à vraiment s’en sortir et à quel prix ?

  • Un message à l’endroit des femmes ?

Croyez en vous ! J’ai été agréablement surpris du nombre femmes qui excellent dans le domaine de fiscalité dans le monde et sur le continent Africain. A titre d’illustration 90% du département dans lequel je travail est constitué de femmes originaires d’Afrique du Sud, du Kenya, de l’Ouganda, du Nigeria et de la Tunisie. J’ose espérer que cet interview va faire naitre des nombreuses vocations auprès de vos lectrices et qu’on aura bientôt des expertes fiscales burkinabè dans les différentes institutions internationales.

Interview réalisée en ligne par Bassératou KINDO

 

 

 

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