#InstantDiasporaBurkinabè : « Je valorise la culture africaine avec l’art et l’artisanat burkinabè en Suisse » Roukietou Kafando/Savadogo

Promouvoir l’artisanat burkinabé aux côtés des suissesses et suisses est une fierté pour cette originaire du Nord du Burkina Faso. Roukietou Kafando /Savadogo réside en Suisse dans la ville de Bienne. Comptable spécialisée de formation, elle se projette il y a de cela un an dans le domaine de l’art. Une passion qu’elle déploit avec amour tout en faisant voyager les couleurs de son pays.

Présentez-vous à nos lecteurs                 

Je suis Roukietou Kafando/ Savadogo, burkinabè résidente en Suisse et mère de 3 enfants. Je suis la promotrice de ”YAWOTO’’ une marque qui touche l’artisanat burkinabè-malien. Je suis comptable spécialisée en quête du Brevet en spécialiste finance et comptabilité. J’occupe le poste d’assistante comptable. C’est une collaboration avec deux entreprises.

Quel est votre parcours scolaire

 Je suis titulaire d’un BAC G2, d’un BTS en gestion commercial et marketing. Malheureusement en 2015 j’ai commencé la Licence mais je n’ai pas pu soutenir parce que je devrais partir pour la Suisse. A ce jour je suis comptable spécialisé.

Pourquoi avoir immigrer en Suisse ?

Je suis née à Ouagadougou où j’ai grandi et je me suis mariée. Mon mari était déjà résidant en Suisse. En mai 2016 j’ai commencé un petit boulot dans la ville de Bienne. Finalement en février 2017 je me suis officiellement installée en Suisse. C’est donc une raison familiale qui m’a fait migrer en Suisse.

Comment s’est faite votre intégration ?

Ce n’était pas si compliqué parce que j’avais déjà mon mari qui vivait là et je pouvais compter sur lui. Ce qui a été complexe c’est que nous habitons du côté où la langue est bilingue. On se retrouve à parler le français et l’Allemand. L’intégration a été moyenne, j’ai dû tout reprendre, mes diplômes ne sont pas reconnus ici. J’ai dû refaire 3 années d’étude en présentiel. Je suis aujourd’hui diplômée dans le domaine de la comptabilité. Grâce à cela je travaille à distance. Je continue ma formation pour le brevet de spécialiste en finance et comptabilité. Pour le travail, c’était complexe avec la famille. J’arrive quand même à travailler à distance. Cela fait 6 ans que je suis vraiment sur place en Suisse. Je commence à me faire une place surtout avec mes expositions, je peux affirmer que ça commence à aller.

Quels ont été vos difficultés et vos défis en tant que burkinabè résidante dans cette ville ?

En Suisse, le plus dur c’est que mes diplômes ne sont pas reconnus. Pour me faire une place, il fallait que je me forme et je continue de le faire. Même mon permis de conduire, je l’ai refait. C’est quand même fort quand on passe des nuits blanches pour avoir son Bac, faire la Licence et arriver dans un pays, ou rien n’est reconnu. C’est douloureux. Et d’ici 2026, je vais avoir mon diplôme de comptable spécialisé.

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En tant que Burkinabé vivant en Suisse précisément à Bienne, la langue Allemande a été le défi majeur surtout du côté de la formation et le travail. Lorsqu’on n’a pas une formation du pays, on ne peut pas espérer faire grand-chose. A cela s’ajoute la gérance de la famille toute seule sans avoir des proches à côté. Mais avec une bonne organisation et planification on s’en sort.

Passionnée de la mode, comment concilier avec les occupations professionnelles ?

Je suis très passionnée de la mode. Quand on est passionnée rien ne peut nous arrêter, on fait tout pour y arriver. Je vais 120 à l’heure, il n’y a pas de weekend, il faut charbonner, on ne lâche rien, on ne perd pas du temps sur des choses qui n’aident pas à avancer. De mon côté je gère mieux avec des enfants qui sont compréhensifs et un mari qui m’aide et me soutient beaucoup que ce soit du côté mode ou travail, on s’organise et on forme une équipe. Sans eux je n’y serai pas arrivée. Aussi dans mon domaine d’activité de comptable, je travaille beaucoup à distance.

Quel est le nom de votre marque et quelle est sa signification ?

Le nom de ma marque est YAWOTO, qui signifie en langue moré “c’est comme ça”. J’ai choisi ce nom parce que pour moi c’est une manière de montré mon imagination, mes pensées, ma créativité, ma position dans le savoir-faire. En un mot pour dire “Yawoto “c’est le conviction total.

Parlez-nous de la boutique d’art et d’artisanat

Yawoto est le nom de la marque de ma boutique d’art et d’artisanat. Je suis la promotrice de la marque et je suis une ambassadrice de l’art et l’artisanat burkinabè et africaine en Suisse. Je privilégie surtout l’artisanat burkinabè et malienne car on a presque les mêmes cultures. Ma boutique d’art touche en quelques sorte 70% des produits burkinabè et 30% de ceux maliens. La marque existe il y a maintenant un an. C’est en décembre 2022 que j’ai commencé mes premières ventes et à mettre quelques pièces en valeur.                                                                                                               

Je souligne que j’étais mon propre mannequin à mes débuts, je portais moi-même mes créations pour faire de la publicité et à partir de là j’ai commencé à me faire des clients.

Pourquoi une boutique africaine en suisse ?

L’objectif de cette initiative est de faire voyager l’art et l’artisanat burkinabé en Europe et partout dans le monde. De partager avec ces pays la beauté de l’Afrique, de promouvoir la culture africaine à l’Occident.

Quels sont les articles que vous confectionner ?

 Je touche à tous ce qui est en rapport avec l’art mais surtout l’art africaine. Je confectionne des vêtements, des accessoires tels que les boucles d’oreilles, bracelet, sac, masque…. Pour ce qui des habits, je confectionne des manteaux en wax, bogolan, des pantalons à l’africaine.

Je prône surtout les pièces uniques, les stocks limités, les objects d’art qui sont à l’ancienne en rajout à la modernité.

Je redonne vie au style artisanal en voix de disparition.je suis aussi dans la modernisation des objets africains afin de rattacher les créativités africaines à celui de l’occident.

Quels sont les matières que vous utilisées ?

Le Faso dafani, l’indigo, le bogolan…sont les matières premières que j’utilise pour mon activité. Pour les créations des bijoux c’est le bronze, le cuivre, le fer, la terre cuite, l’étain… que j’utilise pour les confections. L’une de mes particularités c’est que je travaille beaucoup avec les cauris mais aussi avec d’autre perles. Je suis dans l’optique des commandes à modèle unique. Il est rare que je reproduise un objet pour plusieurs personnes. Je suis dans la vision de l’unique.

Ces objets sont créés par vous-même ou bien êtes-vous en partenariat ?

C’est toute une équipe qui est derrière cette entreprise d’art. Nous cherchons à mettre en lumière l’artisanat africain surtout celle de l’Afrique de l’ouest en Europe. Je suis en collaboration avec des artisans au Burkina, Mali, Côte d’Ivoire….

Mais les créations je les dessines moi-même mais aussi les finitions. Je termine les montages une fois la marchandise arrivée en Europe. J’apprends aussi auprès de ses collaborateurs.

Est-ce que vous arrivé à vous faire de la clientèle en Suisse vu qu’en Europe ils ne sont pas attachés à la culture africaine ?

J’arrive à me faire la clientèle à travers moi même. Je représente cette marque à travers mon style vestimentaire et cela attire les européens à l’achat.

Ma cible sont les personnes qui aiment porter les pièces uniques, atypique, original. J’ai comme clients les personnes publiques, ce qui est le slogan de Yawoto.

Aussi avec les expositions dans les foires, les soirées gala… J’arrive pas mal à faire voyager mon entreprise et à avoir une rentabilité.

Avez-vous une boutique en suisse ou est-ce une boutique en ligne ?

La marque est déclarée en Suisse. J’ai un showroom où je reçois les clients sur rendez-vous. La boutique est en ligne. J’expose aussi sur les plateformes tel que TikTok, Facebook, Instagram … Bientôt la boutique physique sera mise en place.

Quel est la particularité de vos objets d’art

Les objets sont faits selon ma personnalité et ma vision. C’est une fierté pour moi de porter la production africaine, j’assume ma couleur de peau et cela attire aussi plusieurs personnes à vouloir porter des objets conçus d’Afrique. Toute mes créativités sont faites avec amour. Le faite de partager ma culture avec d’autres cultures est une fierté pour moi car je fais voyager les couleurs de mon pays.

Aviez-vous des projets au Burkina ?

Oui j’ai des projets au Burkina. Ma mission est de créer une association dédiée aux artisans burkinabè. Créé un espace artisanal comme celui du village artisanal pour mettre la lumière à ma culture et faire davantage connaître les artisans burkinabè et leur créativité.

Mon rêve est aussi d’ouvrir aussi une grande galerie remplie d’objets d’art Africain. Aussi organiser des évènements dans le même domaine au Burkina et même à l’international. Amener les autres peuples à faire du tourisme au Burkina. Faire valoir l’art burkinabè. Offrir des formations à la jeunesse afin de ne pas perdre nos richesses culturelles.

Mariam LINGANE /Mousso news

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