[ L’Edito du mois de Juin ] | Vie chère : ce panier de la ménagère qui ne pèse plus

« Même le cube maggi est devenu 3 à 100 F ». A elle seule, ce soupir de nos mamans, épouses, sœurs et autres ménagères en dit long sur l’inflation (13,5%, selon l’UEMOA en mars dernier) que vivent les Burkinabè de plein fouet. En effet, les prix des produits, de ceux de grande consommation à tous les autres, ont augmenté et de façon exponentielle, sans que pour autant, la bourse du Burkinabè n’ait connu la même évolution.

De la tomate au riz en passant par les oignons et autres condiments, la ménagère doit désormais payer plus, pour offrir à sa famille la même qualité de sauce qu’elle servait dans les assiettes auparavant.

L’alibi est tout trouvé pour justifier ce renchérissement du coût de la vie : l’insécurité et récemment, l’augmentation de 100 F du prix du carburant. Pourtant, au Mali voisin qui est de surcroit sous sanctions de la CEDEAO, l’insécurité dure depuis 10 ans mais le taux d’inflation n’est que de 8,3%. Cette situation peut-elle s’expliquer autrement que par la cupidité des acteurs du commerce qui sont pourtant nos propres concitoyens ?

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En attendant de trouver une justification raisonnable, le panier de la ménagère ne fait que se dégarnir, tant, la hausse des prix devient insupportable pour le « nan-songo », la popote qui lui est quotidiennement donnée. Conséquences, une grande partie des Burkinabè mangent de moins en moins bien, sinon, de plus en plus difficilement.

Les chefs de ménage (hommes et femmes) et parfois la ménagère elle-même sont donc obligés de mettre davantage la main à la poche, pour que le repas familial soit « acceptable ».

Certes, les situations sécuritaire et humanitaire constituent les « priorités des priorités » des populations, mais il n’en demeure pas moins que la cherté de la vie doit être surveillée comme du fait sur le fait. Cela, parce que dans un passé très récent (2008), plusieurs grandes villes ont connu des manifestations et surtout des casses de biens publics et privés que l’on a communément appelé « marche contre la vie cher », sous la houlette de la Coordination de la coalition contre la vie chère (CCVC).

Cette crise qui a entrainé le départ du gouvernement du Premier ministre, Paramanga Ernest Yonli et l’arrivée de celle du Premier Tertius Zongo laisse encore de mauvais souvenir pour de nombreuses populations.

Voilà qu’une quinzaine d’années plus tard, la hausse continue du prix des produits de grande consommation ressasse ce souvenir avec des risques de plus en plus grands qu’un jour les Burkinabè puisse se retrouver dans la rue pour manifester.

Difficile donc d’imaginer le coût de la vie pendant la période de soudure (entre juillet et septembre) qui coïncide avec la rentrée des classes, cet autre casse-tête pour les parents. Dans un contexte sécuritaire inqualifiable, il urge pour le président Damiba et son gouvernement, de mettre les bouchées double pour éviter au pays de tomber dans les manifestations qui ne feront que détériorer davantage la situation.

En attendant, la ménagère n’a que ses yeux pour pleurer, tout simplement parce que son panier ne pèse plus rien.

La rédaction

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