» On a beaucoup veillé, aller au delà de nos capacités pour livrer à temps les maillots », Esthy Barro

Pour la sortie de promotion des bacheliers à l’immersion patriotique, le 9 septembre 2025, les réseaux sociaux ont été inondés d’images impressionnantes de jeunes vêtus de maillots aux couleurs du drapeau national. Derrière ces créations se cache Esthy Label, une entreprise burkinabè dirigée par la styliste Barro Béréka Esther, connue sous le nom d’Esthy Barro. Dans un entretien, elle revient sur cette expérience, les défis relevés et l’opportunité que ce projet a représentée pour son équipe et pour la jeunesse burkinabè.

Ce projet national, qui a mobilisé des milliers de bacheliers à travers le Burkina Faso a été une véritable vitrine pour Esthy Label. Fondée en 2020, l’entreprise s’est rapidement fait un nom grâce à son professionnalisme et à son dynamisme.

« Nous avons été contactés certainement en raison de la qualité de notre travail, mais aussi parce que nous sommes une équipe jeune. Le gouvernement burkinabè a la vision de donner l’opportunité aux jeunes de participer activement au développement du pays », confie Esthy Barro.

Elle précise que l’État a fait le choix de confier l’ensemble du marché à des entreprises dirigées par des jeunes entrepreneurs. Au total, 70 000 maillots étaient à confectionner. Esthy Label n’en a produit qu’une partie, dont le nombre exact, elle a tenue le garder confidentiel.

Deux semaines pour relever le défi

Avec un délai très court, comme elle l’a signifié, à peine deux semaines la tâche s’annonçait titanesque. « Tout est allé très vite. Nous avons dû mobiliser des ressources supplémentaires pour répondre à la demande. Il a fallu recruter des jeunes couturiers et couturières, car l’équipe initiale ne pouvait pas tout gérer seule », raconte la styliste.

Le premier obstacle a été l’approvisionnement en matières premières. « Nous avons rencontré une pénurie de tissus, surtout le vert. À un moment donné, il a même fallu aller dans d’autres villes pour en trouver. La peinture nécessaire pour la sérigraphie manquait également », se souvient-elle.

Le processus s’est déroulé en plusieurs étapes : acquisition des tissus et machines, couture, sérigraphie, repassage, emballage puis livraison. « Nous avons dû veiller jour et nuit pour respecter les délais. Ce n’était pas facile, mais nous étions déterminés à livrer un travail de qualité. Nous nous sommes surpassés », dit-elle fièrement.

Des obstacles financiers

Au-delà des défis techniques, Esthy Barro a dû faire face à une difficulté majeure : le préfinancement du projet.

« Obtenir une caution bancaire n’a pas été simple. En tant que jeunes entrepreneurs, nous n’avions pas de grandes réalisations à offrir en garantie. Les exigences des banques sont souvent très élevées », déplore-t-elle.

« J’invite les banques à accompagner davantage les jeunes qui se démarquent par leur travail. Il est essentiel de leur faciliter l’accès au caution pour qu’ils puissent réaliser leurs projets et contribuer à l’économie nationale », ajoute t-elle.

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Une expérience enrichissante et porteuse

Malgré les difficultés, Esthy affirme que le projet a été une réussite sur tous les plans. En plus de l’opportunité de servir sa nation, Esthy note également une opportunité de grande visibilité à Esthy Label.

« Grâce à ce contrat, nous avons gagné en notoriété. Aujourd’hui, nous recevons des commandes venues non seulement du Burkina Faso, mais aussi de pays comme le Togo, le Mali ou encore le Bénin », se réjouit Esthy.

Elle souligne également l’impact positif sur les jeunes qu’elle a recrutés pour l’occasion. « Ce projet a offert des contrats pour plusieurs de jeunes », a-t-elle affirmé.

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Un message aux bacheliers immergés

Esthy Barro adresse un message aux jeunes ayant participé à l’immersion patriotique :

« J’espère qu’ils mettront en pratique tout ce qu’ils ont appris durant ce programme. Qu’ils deviennent de véritables ambassadeurs du Burkina Faso, fiers de porter nos couleurs et déterminés à bâtir l’avenir de notre pays. Pour ceux qui auront la chance de poursuivre leurs études à l’étranger, qu’ils se souviennent qu’ils sont appelés à être les bâtisseurs du Burkina de demain. »

Diane SAWADOGO/ MoussoNews