#InstantDiasporaBurkinabè : « La musique burkinabè mérite une place sur la scène parisienne », Paul Willy, promoteur culturel en France
Paul Willy est un jeune burkinabè passionné de culture. A Paris en France depuis des années, il est l’un des promoteurs du show-biz burkinabè et tente de lui faire une place sur la scène musicale de ce pays. Très attaché à sa nation, il a les yeux tournés vers le Burkina Faso. Il y séjourne régulièrement et murit beaucoup de projets dans le domaine culturel et associatif.
- Présentez-vous à nos lecteurs ?
Je m’appelle Paul Willy, burkinabè résident en France. Je suis un passionné d’art en général, avec une préférence particulière pour la musique. Je suis le président de l’association Ponts Solidaires, dont les principaux objectifs sont l’accompagnement et le soutien des jeunes dans le cadre de projets solidaires internationaux. Je fais également partie du collectif KM17events, un collectif de passionnés de musique qui soutient l’association Ponts Solidaires en produisant des événements culturels, tels que les concerts “L’Afrique en Seine” et récemment “Le Faso en Seine”. C’est d’ailleurs le collectif KM17events qui a produit et organisé les concerts de Smarty et Amzy.
- Qu’est-ce qui vous a conduit en France ?
Le goût de l’aventure. J’avais envie de découvrir de nouveaux horizons et de faire des rencontres enrichissantes. Né en Côte d’Ivoire, j’ai grandi dans un environnement où j’étais en contact régulier avec des Occidentaux, et en grande partie avec des Français. De ces interactions sont nées de fortes amitiés et c’est l’une d’elles qui m’a conduit en France il y a de cela deux décennies. En Côte d’Ivoire, j’ai toujours été entouré d’une riche diversité culturelle, mais la France représentait pour moi une porte ouverte sur un monde encore plus vaste et diversifié. J’étais attiré par l’histoire, l’art, la littérature, et la gastronomie française. L’idée de pouvoir explorer des musées comme le Louvre, de déambuler dans les rues chargées d’histoire de Paris, ou de participer à des festivals musicaux et culturels me séduisait énormément.
- Dans quelle ville êtes-vous et pourquoi le choix de cette ville ?
Je vis à Paris. Je n’ai pas vraiment choisi cette ville délibérément. J’y suis arrivé par hasard, mais je m’y suis immédiatement senti bien et j’ai décidé d’y rester pour fonder ma famille. Paris offre des opportunités uniques, tant en France qu’en Europe, avec sa richesse culturelle, ses monuments historiques, et sa scène artistique vibrante. C’est également un centre d’affaires et d’innovations, ce qui en fait un lieu idéal pour développer des projets et rencontrer des personnes de divers horizons. Paris combine une qualité de vie exceptionnelle avec d’innombrables possibilités professionnelles et personnelles.
- Dans quel secteur d’activité exercez-vous ?
Je suis éducateur spécialisé et je travaille dans le secteur de la protection de l’enfance. Mes principales missions consistent à accompagner les jeunes dans leur réinsertion sociale et professionnelle. Mon objectif est de les aider à s’ouvrir et à s’adapter pour devenir compétitifs dans le monde du travail, ainsi qu’à rencontrer et à comprendre les différences des autres pour s’enrichir de ces expériences. Dans le cadre de mon travail, je conçois et anime des ateliers culturels, offrant aux jeunes l’opportunité de s’exprimer à travers la musique, le dessin, le graffiti, et d’autres formes d’art urbain. Ces ateliers permettent aux jeunes de développer leurs compétences artistiques et leur créativité tout en favorisant leur développement personnel.
- Quels sont vos rapports avec le monde du showbiz burkinabé ?
Mes relations avec le monde du showbiz burkinabè sont récentes, bien que je connaissais déjà certains acteurs, notamment des chanteurs comme mon petit frère Willy Pascal, son ami Thomas, et mon ami d’enfance, le chanteur Folio. Essentiellement, mes interactions avec le showbiz burkinabè se déroulent en France, où je côtoie de nombreux artistes burkinabè de l’hexagone tels que Koto Brawa, Kandy Guira, et Bitiene Bako. En 2023, j’ai été invité par le responsable d’une salle parisienne à un concert regroupant plusieurs artistes burkinabè. Cette occasion m’a permis de rencontrer Tidiane Ouédraogo, le producteur d’Amzy, Keita, le responsable du Soko Festival, Will Sanhouidi, spécialiste en stratégie de communication, et Issouf Balima, régisseur. Ces rencontres ont été cruciales pour moi, car elles m’ont permis de confronter mes perspectives aux leurs et d’en tirer des enseignements précieux pour l’élaboration de mes projets. Échanger avec des professionnels aguerris, qui maîtrisent parfaitement leur domaine est toujours un plaisir et une source d’enrichissement personnel et professionnel. Ma relation avec le showbiz burkinabè est encore en cours de construction, et je suis enthousiaste à l’idée de développer davantage ces connexions pour contribuer activement à cette scène dynamique.
Comment s’est déroulée l’organisation du concert de Smarty ?
Le concert de Smarty fut pour nous une très belle aventure. Nous avons travaillé en étroite collaboration avec l’artiste et son équipe, et j’ai eu l’agréable surprise de découvrir un artiste accessible, à l’écoute et véritablement intéressé par notre projet, ce qui a grandement facilité l’organisation de l’événement.
L’organisation du concert s’est basée sur une écoute mutuelle, alignant les besoins de l’artiste avec nos ambitions. Bien que nous ayons une certaine expérience en matière d’organisation de concerts, chaque événement représente un nouveau défi. Pour atteindre nos objectifs, nous avons misé sur la rigueur et la détermination de notre équipe.
Les périodes précédant un concert demandent beaucoup de sacrifices, car chacun d’entre nous doit jongler entre vie professionnelle, familiale et engagement associatif. Pour l’organisation de ce concert, nous avons mené un sondage auprès des jeunes étudiants et de certains leaders de groupes.
De ce sondage, nous avons retenu Smarty et Amzy pour cette édition. Nous sommes alors entrés en contact avec les artistes et je tiens à remercier Tidiane Ouédraogo et Amzy pour leur simplicité et leur professionnalisme, qui ont permis d’avancer rapidement et sûrement.
Le plus grand défi a été de mobiliser la communauté de la diaspora. Ce n’était pas gagné d’avance, mais nous savions que grâce à notre abnégation et notre détermination, nous pouvions y arriver. Je remercie chaleureusement le public burkinabè, l’ensemble des associations, et les groupes de Burkinabè résidant à Paris et aux alentours d’avoir répondu massivement à cet événement. Je suis convaincu que cet événement marque le début de quelque chose de grand.
- Pourquoi l’avoir organisé ?
L’un des objectifs de notre association est la promotion des rencontres culturelles et la consolidation de la solidarité à travers la culture. Depuis une vingtaine d’années à Paris, une question m’a souvent préoccupé : pourquoi, malgré la richesse et la diversité musicales ainsi que le talent de nos artistes, ceux-ci n’arrivent-ils pas à s’imposer ou à se faire une place à Paris ?
À Paris, il existe de nombreuses propositions de divertissement portées par des associations et des collectifs, principalement axées sur des bals et des soirées dansantes. Bien que ces initiatives soient louables car elles permettent de fédérer et de mobiliser la communauté, elles ne répondaient pas à notre besoin de voir nos artistes s’exprimer dans des conditions qui leur permettraient de mettre en valeur leurs talents, d’élargir leur public et, pourquoi pas, de se vendre.
Nous avons également fait l’expérience de concerts organisés dans des endroits peu appropriés, où les résultats n’étaient pas à la hauteur de nos attentes, malgré les efforts des uns et des autres. Nous avons donc décidé de prendre les choses en main et de proposer un concert professionnel dans une salle adaptée, avec une organisation rigoureuse. Notre but était de créer un événement qui reflète véritablement nos aspirations pour la musique burkinabé.
En offrant aux artistes une plateforme digne de leur talent et en permettant au public de profiter d’une expérience de qualité, nous voulions montrer que la musique burkinabè mérite une place de choix sur la scène parisienne. Nous souhaitions aussi offrir à la diaspora une occasion de se rassembler autour de notre patrimoine culturel, dans des conditions qui permettent aux artistes de se surpasser et de toucher un public plus large.
- Avez-vous été satisfait ?
Nous avons été très satisfaits de l’organisation du concert. Voir la participation enthousiaste de la communauté et la qualité des performances des artistes nous a confirmé que nos efforts ont porté leurs fruits. Le concert s’est déroulé dans une atmosphère conviviale et professionnelle, permettant aux artistes de se produire dans des conditions optimales. La salle adaptée et l’organisation rigoureuse ont permis de mettre en valeur les talents de nos artistes et d’offrir au public une expérience inoubliable.
Les retours positifs que nous avons reçus de la part des spectateurs et des artistes ont été extrêmement gratifiants. Ils nous encouragent à continuer sur cette voie et à organiser d’autres événements de ce calibre à l’avenir. L’événement a non seulement renforcé notre détermination à promouvoir la musique burkinabè, mais a également montré que nos artistes peuvent s’imposer et se faire une place sur la scène parisienne.
Quelle est votre contribution au showbiz burkinabè ?
Ma contribution au showbiz burkinabè consiste à me tenir, avec toute mon équipe, à la disposition des promoteurs et des artistes burkinabè. Nous sommes prêts à répondre à toute demande de collaboration pour porter ensemble la culture burkinabè vers de nouveaux sommets.
Nous proposons notre expertise en organisation d’événements, notre réseau de contacts et notre expérience pour aider à réaliser des projets culturels ambitieux. Notre objectif est de créer des plateformes professionnelles qui permettent aux artistes burkinabè de s’exprimer pleinement, d’élargir leur public et de se vendre dans les meilleures conditions possibles. Il est important de souligner que nous ne sommes pas les seuls acteurs à travailler en ce sens.
De nombreux promoteurs sont également à pied d’œuvre ici à Paris, tous unis par le même objectif : promouvoir et valoriser la culture burkinabè. En collaborant et en partageant nos ressources et nos compétences, nous croyons fermement que nous pouvons faire briller davantage nos talents et notre culture sur la scène internationale.
- Comptez-vous revenir un jour au pays ?
Je rentre régulièrement au pays pour voir ma famille et suivre les travaux de notre association. Actuellement, je suis en discussion avec des acteurs du showbiz burkinabè pour de futurs projets. Ces discussions m’emmèneront sûrement au pays dans les semaines à venir.
Revenir au Burkina Faso est pour moi une occasion de renforcer nos initiatives locales et de développer de nouvelles opportunités. Mon engagement envers la culture burkinabè reste une priorité et je suis déterminé à contribuer activement à son développement, tant depuis l’étranger que sur place.
- Quels sont vos projets pour le Burkina Faso ?
Mes projets pour le Burkina Faso s’articulent principalement autour de l’éducation, de la culture et du développement. L’association poursuit son engagement dans des initiatives prioritaires telles que la ferme pédagogique, la création d’une médiathèque pour les jeunes et le soutien aux femmes par le biais de microfinancements et de projets de maraîchage.
Conscients que l’Afrique est un continent jeune, nous mettons un fort accent sur l’éducation. Nous croyons fermement que l’éducation est la clé pour transformer cette jeunesse en une force constructive. En investissant dans l’éducation, nous visons à fournir aux jeunes des opportunités d’apprentissage et de développement de compétences.
- Un mot à l’endroit de la jeunesse burkinabè ?
À la jeunesse burkinabè, vous êtes l’avenir et la force de notre nation. Votre énergie, votre créativité et votre détermination sont des atouts précieux pour construire un avenir meilleur pour le Burkina Faso. Je vous encourage à poursuivre vos rêves avec passion et persévérance, à saisir les opportunités qui se présentent à vous et à vous engager activement dans le développement de notre pays. Soyez fiers de votre héritage culturel et de votre identité burkinabè. Cultivez vos talents, apprenez continuellement et travaillez ensemble pour surmonter les défis auxquels nous sommes confrontés. L’éducation est une arme puissante qui peut transformer des vies et des communautés entières ; investissez-y pleinement.
Interview réalisée par Mireille Sandrine Bado/MoussoNews