L’association Sope Sa Njabot : des héroïnes de la riposte communautaire contre la tuberculose

Il s’ouvre ce lundi 19 septembre 2022 à New York, la 7 ème conférence de reconstitution des ressources du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Au Sénégal, depuis 2006, l’association Sope Sa Njabot informe, sensibilise et conseille les populations sur tous les aspects de la lutte contre la tuberculose. Une approche communautaire qui porte ses fruits à Mbour grâce à l’appui de Speak up Africa à travers le programme  Voix Essentielles.

 

L’association Sope Sa Njabot : des héroïnes de la riposte communautaire contre la tuberculose 2Séance de concertation des membres de Sope SaNjabot

Mbour, situé sur la Petite-Côte, à environ 80 km au sud de Dakar et limitrophe de la station balnéaire de Saly, Alimatou Sadiya Samb, relais communautaire de l’association Sope Sa Njabot, rend régulièrement visite aux habitants de son quartier afin de leur montrer comment se protéger contre la tuberculose. Cette volontaire communautaire intervient dans le cadre d’une campagne de prévention et de traitement de la tuberculose, même dans les zones les plus reculées de sa commune en cette période de pluie.

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Elle s’efforce également d’identifier de nouveaux cas suspects et organise des séances de causerie afin de sensibiliser les habitants sur la maladie et à la manière de la prévenir. Alimatou Sadiya Samb prend à bras le corps sa mission. « Il nous arrive de tomber sur des personnes affectées par un trouble mental ou sur des personnes vivant avec un handicap qui vivent avec la maladie sans assistance. C’est nous relais qui devenons leurs papas et leurs mamans. C’est nous qui assurons tout pour qu’ils guérissent puisqu’ils n’ont personne pour les aider », témoigne-t-elle.

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Alimatou, une relais communautaire de Sope Sa Njabot

Engagement au service de la communauté

Cette forme d’implication communautaire qui a pour objectif d’améliorer les résultats de la lutte contre la tuberculose dans le département de Mbour est coordonnée par Khadidiatou Wane, la présidente de l’association Sope Sa Njaboot. Elle s’efforce également, avec son équipe, à améliorer la santé des membres de sa communauté.

Toutes leurs actions sont coordonnées avec les autorités sanitaires. C’est un travail de chaine. Elle explique, « on travaille en étroite collaboration avec le district sanitaire de Mbour. Chaque relais est affecté à un poste de santé. Notre association polarise 3 postes de santé. On travaille directement avec les infirmiers chef de poste ».

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C’est un plan d’action bien ficelé qui permet à l’association d’atteindre convenablement ses cibles. Joseph Dib Ndiaye, superviseur et membre de Sope Sa Njaboot assure que : « les activités sont planifiées avec les infirmiers pour définir le plan à adopter pour sensibiliser et orienter les malades. On sait bien qu’à chaque fois qu’il a un cas confirmé, il y a au moins deux cas suspects ». Conscients de leur efficacité, le plan national de lutte contre la tuberculose compte beaucoup sur ces relais communautaires qui sont en contact direct et permanent avec les malades.

L’association Sope Sa Njabot est un acteur incontournable dans la lutte contre cette maladie depuis des années. Son expertise et son expérience en matière de prévention et d’orientation lui ont permis de se positionner comme un acteur clé à Mbour.

Sa présidente dévoile leur méthode de travail : « on organise des causeries, des mobilisations sociales, des visites à domiciles. Il nous arrive d’aller dans une maison où on nous a signalé qu’une personne tousse de façon continue depuis 15 jours avec une forte fièvre la nuit et une perte de poids. Dans ce cas, il faut aller lui parler dans la discrétion pour l’orienter au poste de santé le plus proche pour le diagnostiquer».

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 Khadidiatou Wane, Présidente de l’association Sope Sa Njabot

Ces relais communautaires qui sillonnent tout le département de Mbour pour prêcher la bonne parole sont triés au volet après les avis favorables des infirmiers chefs et des délégués de quartiers. Pour être relais, selon Khadidiatou Wane, il faut : « aimer sa communauté, quelqu’un qui sait rendre service, quelqu’un qui aime se rendre dans les postes de santé au point que l’infirmier chef de poste t’identifie comme étant quelqu’un de très actif. Il faut également que le délégué de quartier puisse témoigner de ta générosité ».

Quelques réticences notées

Ces volontaires de sensibilisation et de suivi du traitement se heurtent parfois à des difficultés, pas les moindres notamment la réticence de certains malades. Khadidiatou Wane mentionne des cas où le malade interrompt volontairement son traitement. « Parfois, il arrive qu’un malade arrête subitement son traitement et il est perdu de vue. Dans ce cas, l’infirmier cherche toutes les informations relatives au malade avant d’appeler le relais pour qu’il aille s’enquérir de la situation. Le relais aura pour mission de le convaincre afin qu’il reprenne le traitement », témoigne-t-elle.

Le superviseur Joseph Dib Ndiaye soulève un autre problème que les relais communautaires  rencontrent sur le terrain. Il fait savoir que : « les hommes sont plus touchés par la maladie mais ils sont difficiles à atteindre surtout chez eux. C’est pourquoi, on les retrouve dans leurs lieux de travail. Sur 4 tuberculeux, les 3 sont des hommes ». Il ajoute que : « ce n’est pas évident d’entrer dans une maison pour aborder cette question. C’est une difficulté à laquelle les relais sont confrontés. En plus, les malades de la tuberculose sont souvent stigmatisés ».

Avec autant d’efforts, les relais de l’association Sope Sa Njabot, récipiendaire du fond Voix Essentielles  sont devenus des substituts du système de santé en place. Une forme d’implication communautaire qui a permis d’améliorer les résultats de la lutte contre la tuberculose.

Un apport communautaire non négligeable selon Joseph Dip Ndiaye qui en parle fièrement : « on a remarqué beaucoup d’avancées depuis qu’on a intégré la communauté dans la lutte contre la tuberculose. Un net recul a été noté. Sur 400 tuberculeux à Mbour, les 30% ont été identifiés par les relais communautaires ».

Néanmoins, les relais ont besoin de plus de ressources dans leurs ripostes communautaires. La présidente de l’association Khadidiatou Wane plaide pour que les relais communautaires puissent « avoir au moins de quoi assurer le transport et les frais de communication. Car on passe toute la journée dehors sans ressources ».

Le principal défi actuel est la sensibilisation à grande échelle afin de déconstruire certains préjugés. Cela va éviter les cas où les malades se rendent à l’hôpital très tardivement, au moment où le poumon est presque endommagé.

Pour cela, grâce au projet Voix Essentielles pilotées par Speak Up Africa, un soutien financier et un appui technique ont conforté, de manière significative, la présence de l’association Sope Sa Njabot dans les espaces d’élaboration, de la mise en œuvre et du suivi des politiques de santé. Ce qui favorise l’engagement et l’inclusion des femmes et des filles dans toute leur diversité, mais surtout d’influencer l’orientation stratégique des actions de prévention et de riposte contre cette maladie dévastatrice.

Abdou Khadir Seck

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