Travaux d’intérêt général : Des burkinabè se prononcent

Brûler un feu tricolore, ignorer un sens interdit ou téléphoner en conduisant…, ces infractions routières courantes sont désormais punies de travaux d’intérêt général au Burkina. Depuis la mise en place de ces nouvelles mesures, les avis sont partagés partout. Entre satisfaction et appel à la tolérance, les citoyens réagissent à cette nouvelle mesure gouvernementale.
Même en plein soleil de Ouagadougou, au feu tricolore, tous les usagers sont censés marquer un arrêt. Pourtant, il n’est pas rare de voir un usager pressé, capable de le dépasser juste parce qu’il est pressé ou il n’a pas le temps de s’arrêter à un feu, où il n’a vu personne de l’autre côté et peut se permettre de traverser.
D’autres scrutent les environs, espérant l’absence de policiers pour se permettre de brûler le feu rouge.

Les panneaux de signalisation subissent le même sort. Devant un « Stop », peu de riverains s’arrêtent vraiment. Les « sens interdits » sont souvent ignorés. Ces comportements inciviques sont considérées en majeure partie à l’origine de nombreux accidents, parfois mortels.
Désormais, il n’est plus question de violer impunément les règles de circulation. Curage des caniveaux, nettoyage des rues, pose de pavés… Les contrevenants sont appelés à contribuer à l’entretien de la ville. Plusieurs centaines de personnes sont déjà passées à l’action.
À travers cette nouvelle approche, l’État burkinabè espère corriger les comportements. À Ouagadougou, les citoyens interrogés donnent leur avis sur la mesure.
« Il y a plein d’individus qui se foutent des lois du pays. L’incivisme est devenu un mode de vie ici et cela entraîne des accidents mortels. Sévir était la meilleure solution et je salue cette initiative du gouvernement », tranche Bénéwendé Kafando.

Pour lui, la situation sécuritaire est déjà un fléau dont le pays est en train de lutter pour se débarrasser. Il n’est pas question de laisser l’incivisme perdurer et prendre de la gangrène dans la société burkinabè.
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Maxime Zongo partage l’esprit de la mesure mais plaide pour une certaine flexibilité.
« Je salue cette initiative. Il fallait vraiment sévir pour amener la population à de bonnes habitudes. Mais au niveau des sens interdits, je pense qu’on devrait être flexible », lance-t-il.
Selon lui, beaucoup ne respectent pas les sens interdits, car ils ignorent comment les reconnaitre en pleine circulation.
« Ce n’est pas tout le monde qui sait reconnaître un sens interdit. Moi-même, j’en fais partie. C’est sur ce point qu’il faut insister, sur la sensibilisation plutôt que sur la punition », plaide-t-il.
Djamila Maïga, restauratrice, trouve qu’il faut plus sévir. Pour elle, les travaux d’intérêt général actuels ne sont pas à la hauteur des actes que commettent les inciviques.
« Si prendre quelques minutes pour respecter le feu est difficile, qu’on les soumette à plus que des travaux. Au lieu de les faire curer des caniveaux, confisquez leurs engins pendant un bon bout de temps, qu’ils payent une contravention en plus des travaux qu’ils vont effectuer », affirme-t-elle.
Pour elle, l’heure n’est plus aux négociations, ni aux ménages légers, il faut sévir.

Lucienne Zongo, aussi restauratrice, opte par contre pour les négociations et aussi la réduction du temps de corvée.
« Souvent, on arrête un travailleur pendant plusieurs heures à faire les corvées. Pendant ce temps, son patron l’attend sûrement au bureau. À cause des travaux d’intérêt général, beaucoup risquent de perdre leur boulot », souligne-t-elle.
Prônant les négociations, elle aurait préféré une sentence plus légère pour les contrevenants qui se sont fait attraper sur le chemin du travail. Mais néanmoins, elle clame les sanctions et invite la population à respecter scrupuleusement le code de la route.

Entre fermeté et indulgence, la nouvelle politique divise. Mais tous s’accordent à dire qu’il est temps de renforcer la sécurité routière. Les travaux d’intérêt général pourraient bien devenir la meilleure option que le Burkina a opter afin de changer durablement les comportements sur les routes au Burkina.
Diane SAWADOGO/ MoussoNews