Yeli Farida Ouattara : La technicienne son qui casse les codes

Yéli Farida Ouattara est une jeune technicienne de 29 ans. Après un échec au BEPC et un arrêt total des études suites à des problèmes familiaux, la jeune fille s’est lancée dans le domaine de la sonorisation. Passionnée par son métier, elle rêve d’être un modèle d’ingénieure de son pour les jeunes filles burkinabè.

Yéli Farida Ouattara est l’une des rares femmes qui exerce dans les métiers du Son au Burkina Faso.  Agée de 29 ans, la jeune fille à la forme svelte, toujours vêtue dans un style décontracté est guidée par sa volonté et son envie d’apprendre le métier depuis 2021.

Pourquoi la sonorisation comme métier ?

La sonorisation est avant tout une passion pour Farida. Après un échec au BEPC et la survenue de problèmes familiaux, la jeune fille a dû arrêter les études pour trouver d’autres portes de sorties. Son choix s’est porté sur la technique du Son. La rencontre de Farida et ce métier s’est faite au cours d’un événement culturel auquel elle a assisté. Elle va être séduite par le travail des techniciens qui réveille en elle l’envie de devenir comme eux. « J’ai choisi ce métier parce que je l’ai aimé dès les premiers instants. Lors d’un évènement culturel, j’ai été séduite par les techniciens qui faisaient la balance sur la scène et j’ai compris que c’est ce que je voulais faire », explique-t-elle.

Pour elle, son choix en tant que technicienne Son s’est porté sur le backline qui consiste à installer l’ensemble des instruments et amplis utilisés par les artistes sur scène. En plus de cela, elle règle les micros et réalise des balances son, c’est-à-dire qu’elle contrôle le bon équilibre des retours « son » (voix et instruments). « Je travaille beaucoup sur la scène. Je suis passionnée de ce métier et j’aimerai apprendre davantage pour me perfectionner et pouvoir faire des amplis câblés par exemple », confie -t-elle.

Des difficultés rencontrées

Ce métier de technicienne backlineuse n’est pas sans difficultés. En effet, c’est un métier qui demande beaucoup d’endurance, de l’énergie, de la volonté et surtout du temps. La jeune femme explique faire face aux mêmes contraintes de temps, de disponibilité et d’endurance que les hommes. « Le métier n’est pas facile pour les hommes naturellement il sera aussi difficile pour les femmes mais je ne rencontre pas de difficultés particulières à cause de mon statut de femme », dit-elle.

Pourtant, pour réussir et se démarquer du lot, il faut une bonne endurance physique et une préparation psychologique pour faire face aux stéréotypes qui s’y collent. « Dans ce milieu il faut avoir la force pour soulever et bien disposer les instruments. Aussi il faut être mentalement préparé car les concerts finissent la plupart du temps très tard et il y a beaucoup de choses désagréables qui se font entendre. Cela n’est pas facile surtout pour une femme mais j’ai eu la chance de bénéficier du soutien de mes collègues, de mes responsables et des acteurs du showbiz », précise-t-elle

Apprendre et profiter de chaque scène

Farida au quotidien tente de se perfectionner pour atteindre ses objectifs. Pour se faire, elle n’hésite pas à donner le meilleur d’elle sur scène et à apprendre davantage auprès des ainés du domaine. « Chaque scène que je fais, j’essaie de donner toujours d’apprendre encore plus pour être mieux que ce que j’étais hier », insiste-t-elle.

Talentueuse et assidue, elle a pris part à plusieurs scènes sur le plan national et sous-régional. Parmi ces scènes il y a entre autres le Fespaco 2021 et 2023, le concert du rappeur Smarty, celui de Miss Tanya, le Concert de Fally Ipupa, la fête de la musique ainsi que le Festival sur le fleuve du Niger.

Selon elle, les scènes du concert de Smarty, celui du fleuve Niger et celles du Fespaco sont entre autres celles qui ont été les plus mémorables depuis ses premiers pas dans cet univers.

Se faire petite pour rendre les autres grands

Chaque scène et collaboration sont une nouvelle opportunité pour elle de démontrer son savoir-faire. « C’est une fille très engagée, qui fait son travail avec amour et professionnalisme, c’est celle qui se fait petite pour rendre les autres grands, celle qu’on ne voit jamais mais qui abat un boulot énorme », témoigne Abdoul-Aziz Tiemtoré, organisateur évènementiel qui a plusieurs fois collaboré avec elle.

Issouf Balima, administrateur culturel quant à lui trouve la jeune fille pétrie de talent, disponible pour son équipe, dégourdie, calme et professionnelle. « J’ai travaillé avec l’équipe une dizaine de fois et sa bonne humeur nous a toujours éblouie. Je retiens d’elle une femme engagée qui écoute bien et accompli sa part de taches pour de bons résultats », révèle-t-il.

Je rêve d’être ingénieure de Son professionnelle

Farida aimerait gravir les échelons et devenir ingénieure de Son professionnelle. « J’aimerais personnellement être ingénieure de son. Quitter la technique et monter en grade », confie-t-elle.

Pour ce faire, elle ambitionne suivre des formations professionnalisantes dans les meilleures structures de Son pour mieux exploiter son talent.

A en croire Farida, réaliser ce rêve est une façon de prouver aux jeunes filles qu’il n’y a pas de métier dédié uniquement aux hommes. Aussi elle invite les jeunes filles à se donner les moyens pour atteindre leurs objectifs. « Chaque fille qu’elle ait la chance d’aller à l’école ou pas doit se battre pour réaliser son rêve et être satisfaite d’elle-même », commente-t-elle.

Yéli Farida Ouattara, très appréciée par ses collaborateurs est actuellement backlineuse au sein du studio Hope Musiks de Eliezer Oubda, l’un des ‘’meilleurs ingénieur Son en Afrique’’.

Mireille Sandrine Bado/MoussoNews